28-8-2007
Sur Yasmina Reza, voir ici
L'Aube le Soir ou la Nuit, de Yasmina Reza
Un portrait de Nicolas Sarkozy
Yasmina Reza raconte Nicolas Sarkozy
LE MONDE | 23.08.07 | 09h50 • Mis à jour le 23.08.07 | 14h08
Philippe Ridet
Elle dit : "Tout est dans le livre." Elle supplie aussi : "Je vous en prie, écrivez quelque chose qui rende justice à ma discrétion. Qui échappe à l'hystérie." Sa crainte irraisonnée : qu'on puisse prendre son livre pour un "livre politique". A son éditrice, elle a lancé : "Je ne veux pas qu'on me prenne pour Catherine Nay." Elle voudrait, dit-elle, "échapper au sujet" et que Nicolas Sarkozy s'intègre peu à peu dans la galerie de ses personnages tragi-comiques.
Et pour le reste ? "Vous pouvez vous débrouiller sans moi." Yasmina Reza est sur une île, Pantelleria, au large de la Sicile, comme réfugiée loin de "ce tintamarre hors de proportion" qui précède la sortie de son livre L'Aube le soir ou la nuit (Flammarion), vendredi 24 août. Un regard personnel, oblique, impitoyable et terriblement humain sur Nicolas Sarkozy, dont elle a suivi la campagne de juin 2006 au 6 mai 2007. Miracle : c'est tout lui, et c'est tout elle.
C'est au printemps 2006 que germe dans l'esprit de l'écrivain le projet d'écrire sur Nicolas Sarkozy. Au premier rendez-vous, en juin 2006, entre l'artiste et son modèle, le courant passe. Le candidat, au fond, est ravi de cette sollicitude, même s'il se pique aussi d'être un auteur à succès. Flatté qu'elle évoque un "portrait littéraire".
D'elle, il ne connaît que sa réputation. Elle lui suffit pour accepter sa demande : le suivre au quotidien dans chacun de ses déplacements, à ses côtés, dans les réunions les plus fermées, dans les cénacles où aucun journaliste n'est jamais entré. Le candidat lui dit : "Même si vous me démolissez, vous me grandirez."
Un conseiller raconte : "Sarkozy ne voulait pas de caméra embarquée qui l'aurait traqué au jour le jour, genre Les Yeux dans les Bleus . Trop stressant, trop d'autosurveillance. Rien à foutre , disait-il lorsqu'on lui proposait ce genre de projet. Mais qu'une intellectuelle s'intéresse à sa campagne, cela lui a plu."
"ON LUI A APPRIS À COURIR"
Claude Guéant, aujourd'hui secrétaire général de l'Elysée, euphémise : "Mme Reza a une belle capacité de séduction.Avoir une campagne traitée par une plume de qualité, c'était intéressant." Consentant et fier, le candidat s'est laissé prendre dans l'œil de l'écrivain comme une mouche dans une toile d'araignée. Cécilia Sarkozy, qui, à cette époque, vient de réapparaître aux côtés de son mari, acquiesce.
Et elle, Yasmina Reza ? Qu'a-t-elle à voir avec ce Sarkozy que seul le mouvement apaise, avec "ces hommes (…) qui vivent dans un monde où les mots ont le poids de l'hélium"? Ses romans sont traduits dans des dizaines de langues, ses pièces sont jouées à New York et à Londres. Art, la plus connue, a tenu l'affiche pendant des années sur les scènes du monde entier. Femme de silences et d'ironie dans un univers de bruits constants, de paroles ininterrompues.
Reza, l'anti-Sarkozy? Plus compliqué que ça. A Jérôme Garcin, dans Le Nouvel Observateur du 24 août, elle explique : "Ce qu'on appelle un destin politique me fascine depuis des années. Pas la politique en tant que telle, non, le destin politique. Il m'offrait une véritable dramaturgie." Elle ajoute : "J'ai cherché chez lui ce qui faisait écho à mes propres obsessions."
Ensuite, elle s'est laissé embarquer, s'est coulée dans la caravane. Elle suit, elle court, saute d'un avion à une voiture, d'une voiture à un hélicoptère, d'un hélicoptère à un morne palais des sports dans la périphérie d'une ville qu'elle ne verra pas.
"On lui a appris à courir", se souvient Pierre Charon, un des conseillers de M.Sarkozy pendant sa campagne. Quand la machine s'emballe, il arrive qu'on oublie de la prévenir : "Pourquoi ne m'avez-vous pas appelée?", se désole-t-elle auprès de Jean-Michel Goudard, autre ancien conseiller du candidat.
Dans ce groupe de conseillers soudés et qui fonctionne parfois d'un simple regard, on l'a vue prendre peu à peu sa place, se fondre parmi eux, ne cherchant pas à entretenir une distance dont on croit qu'elle garantit l'objectivité. Ce n'est pas son affaire.
Charon : "Elle a eu l'intelligence de ne pas chercher à profiter de son statut d'auteur à succès. Elle a fait le choix d'être avec la troupe, dans les voitures suiveuses, parfois assise sur nos genoux. Elle est entrée en Sarkozye naturellement." "Elle est devenue un membre à part entière de l'équipe. Elle s'est glissée dans l'aventure", explique Franck Louvrier, conseiller presse à l'Elysée.
Laurent Solly, le chef de cabinet, la guide dans l'agenda du candidat. Elle choisit les réunions auxquelles elle souhaite assister. "Parfois, raconte Charon, nous avions presque honte de ce à quoi nous la faisions assister. Les réunions de cadres UMP, ça peut être terrible. Mais elle insistait : Si, si, j'ai envie de voir ça."
SAC À MAIN , LUNETTES, EN ROBE OU EN JUPE
Sa seule exigence : ne pas apparaître sur les photos de presse en leur compagnie. Pierre Charon ira voir quelques photographes pour les prier de la tenir hors du champ de leurs objectifs.
Sac à main au creux du coude pour mieux tenir son carnet de notes, lunettes de soleil ou de vue, presque toujours en robe ou en jupe, elle note, le regard appliqué, jusqu'à des propos de table ronde sans intérêt. Elle cherche un mot, une fulgurance ironique.
De Sarkozy, elle voit tout ou presque. Son enthousiasme comme ses accès de mutisme. Elle a même dansé avec lui, un soir à Montpellier, sur un air d'Enrico Macias. Elle est avec lui lorsqu'il écrit son discours d'investiture avec Henri Guaino. Avec lui lorsqu'il prépare le débat de l'entre-deux-tours face à Ségolène Royal dans un hôtel de Corse en compagnie de députés chargés de tenir le rôle de la candidate socialiste.
Elle note, inlassable, agacée, séduite ou ahurie de ce qu'elle voit, perçoit. "Avec elle, on a travaillé sans filet, mais nous avons toujours été en confiance", dit aujourd'hui un conseiller de l'Elysée. Dans son livre, Yasmina Reza cite Nicolas Sarkozy : "Il faut la laisser en liberté, sinon tu cours à la catastrophe absolue avec elle. Je le sens comme ça."
Mais cette liberté est parfois surveillée. Avait-elle laissé entendre au Monde qu'une "fin malheureuse" renchérirait la portée littéraire de son livre qu'elle était aussitôt appelée par un conseiller du candidat. Et rappelait l'auteur de l'article pour une ferme mise au point : "Vous comprenez, on a l'impression que je souhaite son échec."
Avec les journalistes "embedded" qui suivent la campagne de Sarkozy et la découvrent peu à peu dans le sillage du candidat, elle ne cherche pas de complicité immédiate. Elle laisse venir à elle ceux qui veulent lui parler, mais reste à l'écart de leur troupe. Jamais ils ne la verront dans un car ni dans une salle de presse. Ni dans leurs dîners d'après-meetings.
Eux aussi sont engloutis par son regard ironique et dense. D'un conciliabule entre eux et le candidat dans un couloir d'avion, elle écrit : "Les journalistes, je les aperçois agglutinés, chuchotant dans un tout petit coin de l'appareil, ça me rappelle un groupe loubavitch priant près des toilettes lors d'un retour de New York."
Elle ne veut pas être prise pour l'un d'eux. Peur qu'on confronte son travail d'écrivain avec le leur, qu'elle tient en général dans une modeste estime ? Mais elle demande à être présentée au journaliste de Libération après un article au vitriol sur un discours de Sarkozy qu'elle avait, elle aussi, trouvé particulièrement nul. Pour s'en moquer à gorge déployée.
Son travail, elle le dit, n'est pas le nôtre. Un jour, au Creusot (Saône-et-Loire), pendant la visite d'une entreprise aux proportions de cathédrale, elle nous laisse en plan, disant : "Je vais chercher des mots", comme on irait faire ses courses. Ils sont dans son livre : "Presses à ébarber, aléseuses, fraiseuses à portique, banc de tarage".
Elle parle aussi du "cou dénudé" du candidat "dans son ample manteau". Elle écrit avec ces détails que les journalistes abandonnent au fond de leurs carnets et ne sait que faire des "phrases assassines et drôles dont [ses] cahiers sont remplis et qui se fanent dès la page tournée".
UNE FIN "EFFILOCHÉE ET BRUTALE"
Il arrive qu'elle confie une difficulté : "Je ne parviens pas à écrire l'impression produite par les perches des micros qui se meuvent au-dessus de la tête du candidat, et vous?"
Au soir du 6 mai, malgré sa "vigilante raideur", Yasmina Reza s'abandonne à la mélancolie des adieux. Elle a senti, comme nombre de conseillers qui seront bientôt réprouvés, que cette histoire désormais ne serait plus la leur : "Je l'ai vue les larmes aux yeux sur la place de la Concorde. Elle a fait le dernier plan", raconte encore Pierre Charon.
Mais au Fouquet's, où Cécilia Sarkozy a dressé la liste des invités, elle trouve portes closes. Elle évoque une fin "effilochée et brutale", une manière de dire qu'elle l'a senti venir, mais qu'elle n'en a pas moins ressenti le choc.
Dimanche 19 août, l'exemplaire numéro 1 de L'Aube le soir ou la nuit a été porté au président de la République, qui, assure-t-on chez Flammarion, n'a pas cherché à se le procurer avant. Officiellement, il ne l'a pas lu. Interrogé mardi au cours d'un déjeuner avec la presse de province, Nicolas Sarkozy a fait sa réponse habituelle : "Je ne lis jamais les livres qui me sont consacrés." Cette cruauté-là est aussi dans le livre.
Evénement
Yasmina Reza, portrait gâché de Sarkozy
Dans «L’aube le soir ou la nuit», l’écrivain met en scène sa rencontre avec le candidat.
Par Philippe Lançon
QUOTIDIEN : jeudi 23 août 2007
L’aube le soir ou la nuit de Yasmina Reza Flammarion Albin Michel, 186 pp., 18 euros. (en librairie le 24 août).
L’historiographie des Grands est un métier délicat et symptomatique. Descendons les marches : Louis XI eut Commynes ; Louis XIV, Racine ; De Gaulle, Mauriac. Nicolas Sarkozy a Yasmina Reza. L’auteur d’ «Art» et de Dans la luge de Schopenhauer a suivi le futur président pendant l’année de campagne, jusqu’à son élection. Son livre, L’aube le soir ou la nuit, tient chronique de cette aventure : choses vues ou entendues, brèves conversations, méditations à pompe et mille fois lues sur le pouvoir, la volonté, la solitude, le temps, etc. Le titre donne le ton. Il vient de la page 126 : «Il n’y a pas de lieux dans la tragédie. Et il n’y a pas d’heure non plus. C’est l’aube, le soir ou la nuit.» On est au club des médailles - hommes et phrases.
Fascination. Avant d’être un portrait par saynètes du futur président, le livre est la mise en scène explicite d’une rencontre au sommet : toi Nicolas, moi Yasmina, et la jungle à nos pieds. Qui des deux héros fera plier l’autre ? A la première page, un ami dit à Reza : «De toute façon vous l’inventerez. Les écrivains ont en commun avec les tyrans de plier le monde à leur désir.» On s’y croit, chez ces gens-là. A la page 144, Sarkozy enchaîne : «Si je n’existais pas, il faudrait m’inventer.» CQFD. Les nuances sont des nuages inutiles. Le talent qu’on s’attribue ne paraît vivre que pour justifier l’admiration qu’on s’accorde. La vanité et une fascination burlesque pour le succès sont les obsessions de l’ouvrage - malgré lui. Dans un dîner, Alain Minc dit à l’auteur : «Vous avez le choix entre être amoureuse ou être ambitieuse.» Reza semble à la fois ambitieuse et amoureuse d’elle-même - ou de l’image qu’elle en donne. Son enfance est évoquée une fois. Il est aussi question de sa relation intime avec un homme politique célèbre, nommé «G». C’est une contre-épreuve de Sarkozy, un type qui ne veut pas tout à fait de son destin. Elle en parle comme d’un «génie de la distraction» et le livre lui est dédié.
D’un bout à l’autre, Reza lit des poèmes stoïques de Borges. Elle ne cesse de relever le menton, d’afficher son orgueil : «Moi, écrit-elle, dont le regard se défend de la séduction première, scrute les formes invisibles, guette les dévoilements d’une matière secrète.» Elle appartient à cette catégorie d’écrivains qui croient que tout est neuf du moment qu’ils l’écrivent. Mais, sous le filet d’anecdotes, du bon journalisme qui caractérise bien son vide énergétique, le Sarkozy qu’elle dévoile est conforme au personnage trop commenté : un gosse intelligent, nerveux et impatient, qui nettoie son angoisse par une fringale d’action. Il se réduit tellement à sa volonté, et à la mise en scène de cette volonté, qu’il n’y a plus rien d’autre que ça. Respectant le «deal», Reza n’écrit rien sur Cécilia Sarkozy.
Le meilleur, ce sont les descriptions des corps, des paysages, des ambiances. Ici, l’écrivain renaît - enfin débarrassé des pesants jeux de miroir. Cela peut donner une sorte de vers qui rappelle la femme de théâtre : «La mort militaire a fabriqué du temps.» Ou ce croquis de la coiffure de Bouteflika, dont la rencontre avec le candidat UMP est l’un des bons passages : «Le front n’étant sans doute pas équipé pour le principe d’une raie, je peux apprécier le périlleux recouvrement du crâne, effectué à partir d’une séparation latérale de l’oreille droite à l’oreille gauche, par une broche intrépide et sans état d’âme.»
Sèche. Finalement, Reza est l’écrivain qu’il fallait à ce président-là : sèche, «burnée», teigneuse, dure à tout par principe, sans doute ni subtilité aucune, courte sur phrases comme il l’est sur pattes, elle retrouve en lui son propre refus du passé et sa ferveur sophistique : on n’est que le personnage qu’on décide de devenir. L’un et l’autre semblent des forcenés du lendemain et de l’oubli de la veille, des spécimens balzaciens et qui en font spectacle en toute occasion : vouloir est leur joie, leur rédemption. Les dernières pages sont naturellement pleines d’admiration pour le vainqueur. Ce pourrait être obscène ; ce n’est que sincère jusqu’au ridicule. A la fin d’ Illusions perdues, Vautrin dit à Rubempré : «Le monde, la société, les hommes pris dans leur ensemble, sont fatalistes. Ils adorent l’événement.» Ce livre adore l’événement qu’il met en scène et qu’il prétend être. Comme son modèle et comme ce monde, il se flatte et se barbouille de méthode Coué. Il devrait donc obtenir le succès qu’il s’annonce.
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Nicolas Sarkozy
The playwright and the president
Aug 30th 2007
Personal trivia, it seems, tells us quite a lot about France's
leader
L'Aube le soir ou la nuit
(Dawn evening or night).
By Yasmina Reza.
Flammarion; 190 pages; €18
IT HAS become the bestselling sensation of this year's rentrée littéraire: a book written by France's best-known contemporary playwright about its most intriguing political personality. In the summer of 2006, Yasmina Reza, who wrote “Art” and “Conversations After a Burial”, among other plays and novels, persuaded Nicolas Sarkozy, then France's interior minister, to let her shadow him for a year in order to write his “literary portrait”. She had never met him, but he promised to open all doors: campaign meetings, studio make-up sessions, private parties, even a meeting with the Algerian president.
The newly published result is unclassifiable, neither strictly political nor purely literary. The book's cover and blurb make no mention at all of Mr Sarkozy. Inside, there are few dates or facts, no reference to ideology, nor to the political or economic backdrop to France's 2007 presidential election campaign.
Instead, Ms Reza sought to capture the dramatic essence of a deeply ambitious man who seems to want “to combat the slippage of time”. Though chronological, its form is fragmented: snatches of conversations, observations and impressions. But the accumulated impression works. Mr Sarkozy emerges as a restless, demanding, boastful prima donna but also endearingly childlike, often funny and ultimately rather solitary.
From Orléans to Hameau des Baux, Washington to Downing Street, Ms Reza witnesses Mr Sarkozy unadorned. In one scene, he describes the French ambassador to Lebanon as “a famous cretin”, and a previous one to Russia as “an idiot”. Arriving at a rally one day to find orchestrated crowds chanting “Sarko President!”, he turns on his staff. “Who put these yelling arseholes with placards out there? None of you understand a thing about anything. Can't I be left in peace? Who organised this? Ah la la, my God, my God. It's pathetic. I'd be better off by myself.”
Ms Reza's notes also record his more commonplace traits. He is always nibbling chocolates, loves trashy television and appears awestruck by a popular novelist or a rock star. He hates the countryside; he loves Rolex watches. As victory approaches, he exclaims with wonder: “I'm going to get a palace in Paris, a chateau in Rambouillet, a fort in Brégançon. This is the life.”
Close students of French politics will also enjoy the insiderish titbits, though they will search in vain for much about Cécilia, the president's wife. She is virtually absent, Ms Reza informed a French news-magazine, because “she wasn't around”.
Ms Reza's most telling insights, however, concern two aspects of Mr Sarkozy's personality. These happen to be themes that have long fascinated the dramatist: a strange impatience to outwit time and the solitude of ambition.
The book's title, “Dawn evening or night” hints at Mr Sarkozy's restlessness: day is absent. Even the somewhat irritating absence of a comma in the title may have been meant to convey his constant rush from first light to dusk. Ms Reza notes this in small ways. Mr Sarkozy bores easily, tapping his feet, twitching or fiddling with his mobile phone when others speak. At one point, he asks an aide for some sweets, but cannot open the wrapping; there follows “a silent and violent struggle against plastic packaging”.
These little battles seem to embody a deeper impatience with the passage of time, a perpetual desire to beat it, but for what? Ms Reza is struck by a man almost unable to live in the present, propelled by an insatiable need to move on. “I'm a stranger to my past. The only thing that interests me is this afternoon, tomorrow,” he tells her one day. She replies that he is “burning up the days that he will never know”. Yes, he says quietly.
The solitude of this quest weighs on the man. Despite the public image of a politician in perpetual motion, Mr Sarkozy can be found in this book in quiet contemplation, staring blankly out of a window, or into the night. Ms Reza, who in the end cannot conceal her admiration and affection, struggles to interpret these moments. She visits him at the Elysée Palace, newly installed as president. He tells her that he has “at last got rid of a burden”. Is he content? “Yes, I am profoundly content,” he replies, then adds: “but I'm not joyful.”
August 24, 2007
By ELAINE SCIOLINO
PARIS, Aug. 23 — The slim volume officially will be published only on Friday, but it is already the sensation of this fall’s literary season in Paris: the drama of Nicolas Sarkozy’s pursuit of the presidency through the eyes of Yasmina Reza, France’s most celebrated playwright.
Ms. Reza, a Tony Award winner whose long-running hit, “Art,” has been performed in more than 30 languages, was given exceptional access to her subject. She traveled alongside him on the campaign and even sat in on many of his private meetings for a year, until he won the election and landed in the Élysée Palace in May.
The result is “L’Aube le Soir ou la Nuit” (“Dawn Evening or Night”), a deeply personal, elegantly written encounter between the playwright and the politician, focusing not on his electoral victory but on what she sees as his obsessive hunger for power.
With an initial run of 100,000 copies, the 190-page paperback is caught up in a media frenzy. The newspaper Le Parisien calls it a “fabulous portrait of a singular man,” and Le Monde finds it “caustic, at times cruel, above all juicy.” A cover story in this week’s Le Nouvel Observateur magazine says it is full of dialogue “of which the theater could be jealous.”
For Ms. Reza, Mr. Sarkozy is a gifted actor with a compulsion to control his own universe in a grand battle against the passage of time. “I have created my character,” he confides to her.
She seems charmed, impressed, impatient, but never angry with her subject as she wanders in and out of a narrative, using her pen as a scalpel.
By her account, Mr. Sarkozy admits he is flattered that such a famous personality is writing about him. She says in an exclusive interview in Le Nouvel Observateur that he told her, “Even if you demolish me, you will elevate me.”
Mr. Sarkozy has not read the book, David Martinon, the Élysée spokesman, said Thursday, although he added, “I imagine that what she writes is the faithful reflection of reality.”
Maybe. Ms. Reza distinguishes her work from that of a journalist, who “hunts for a truth.” By contrast, she says in Le Nouvel Observateur, “I don’t seek the truth, which in my work doesn’t exist.”
Perhaps that explains why there is no discussion of substance: France’s faltering economy, its problems with unemployment and immigration, for example. Mr. Sarkozy’s headline-grabbing wife, Cécilia, is similarly absent. It is because she was never on the campaign trail, Ms. Reza insists, not, as some press commentators contend, that Ms. Sarkozy was off limits as part of the access arrangement.
Ms. Reza zeroes in on the cigar-smoking Mr. Sarkozy as she would an exotic animal — and portrays with telling anecdotes a man who can be vain and insecure, clever and boring, driven by instinct and the lure of power.
He is so used to “being the one who speaks and the one who is being listened to” that it does not occur to him that his “every day is as ordinary as that of the common man,” she writes.
One day on the campaign trail, instead of a searing front-page article in Le Figaro about Iran, or even headlines about him, what catches his eye is an advertisement on the bottom of the page. “It is beautiful, this Rolex,” he declares.
His short stature, combined with his perpetual motion, contribute to what Ms. Reza calls his “childlike way.” His suit and ties, she writes, “are never of his age,” his laugh “also is not of his age.”
The author describes Mr. Sarkozy’s constant need for nourishment, then offhandedly drops that he has a slight limp. “He nibbles all the time,” she says. “Nibbles and wolfs down very fast. I had already observed he ate quickly, like I had already observed he limped.”
(That Mr. Sarkozy, 52, struggles with his weight is well documented, although even on this subject, truth can be relative. The magazine Paris Match admitted this week that it airbrushed a photograph of Mr. Sarkozy, bare to the waist during his recent vacation in the United States, to make him look thinner; the acknowledgment came after the magazine L’Express published both the original and the doctored versions.)
Ms. Reza describes a man, even before his victory, who is drunk with bravado. Emerging from lunch in London with Tony Blair, then the British prime minister, Mr. Sarkozy announces to his aides: “Tony and I have just made a decision. We’re going to conquer Europe.”
Shortly before the election, he brags about the official lodgings that will come with the job: “I’m going to get a palace in Paris, a chateau at Rambouillet and a fort at Brégançon.”
Quick to anger, he calls both his aides and political enemies unprintable vulgarities. Pressed to visit a radar site in Brittany, he rails: “I don’t give a damn about the Bretons. I’m going to be surrounded by 10 morons looking at a map! One half-hour to go to the Operational Center, and yet another half-hour to go to the Alzheimer Center! Last campaign days, in a room looking at a map! Great political sense, really.”
At a breakfast with French experts on Russia and Chechnya, he calls the Foreign Ministry useless, saying, “It is becoming very important to get rid of the Quai d’Orsay,” as the ministry is known. Branding the previous French ambassador in Russia “a moron” and the ambassador in Lebanon “an infamous cretin,” he adds, “I have contempt for all these guys; they are cowards.”
In another scene he asks himself whether Ségolène Royal, his Socialist opponent in the race, is helping his chances, and replies, “It’s not certain that being a zero is necessarily a disadvantage in France.”
Ms. Reza told Le Nouvel Observateur, though, that she came away with “some affection” for Mr. Sarkozy, calling him a person of “real stature.”
Asked whether he ever tried to seduce her, she replied, “No, he wanted to seduce France.” Then, she added a line that could work well in one of her plays: “It is almost insulting to spend an entire year with a man without him trying to seduce you.”
April 26, 2008
By ALAN RIDING
PARIS — Best known for her award-winning play, “Art,” Yasmina Reza is a writer with no ambition to be a reporter. It was presumably for this reason that Nicolas Sarkozy felt safe in granting her an insider’s view of his campaign for the French presidency last year.
Certainly her account of the voyage, a best seller when published in France last summer, bore little resemblance to traditional reporting on such campaigns. Largely ignoring matters of state, Ms. Reza focused more on personality than on politics, as if auditioning Mr. Sarkozy as a character in one of her plays.
The book, “L’Aube le Soir ou la Nuit,” nonetheless caused a stir here. While many French viewed their new president as a dynamic young leader bent on modernizing France, Ms. Reza described him variously as impetuous, irascible, sentimental, occasionally vulgar, frequently childish.
Now, eight months later, the book has been translated into English as “Dawn Dusk or Night” and was published in the United States on Tuesday by Alfred A. Knopf. Along the way, something peculiar has happened. Ms. Reza’s portrait of Mr. Sarkozy, 53, is the one that has stuck, lent credence by his taste for glitter, his divorce from one beautiful woman and hasty remarriage to another, his sharp tongue and his penchant for political action.
Another — perhaps apocryphal — life-imitates-art story from Paris comes to mind. “I don’t look like that,” Gertrude Stein is said to have remarked in reaction to Picasso’s 1906 portrait of her (now in the Metropolitan Museum of Art).
“You will,” Picasso supposedly replied.
Ms. Reza, who likes to describe her book as “an impressionistic sketch,” has been surprised by what has followed its publication. “It is as if Nicolas Sarkozy stepped out of my pages and now leads his own life,” she said in an interview in her Left Bank apartment.
As a dramatist whose latest play, “God of Carnage,” has been well received in Paris and London and is expected to reach New York later this year, Ms. Reza, 48, naturally sees politics as theater and politicians as actors, a view reinforced by her experience with Mr. Sarkozy.
“I never thought of politicians as preachers whom you can have faith in,” she said, “but now even less. I have lost all faith in the morality of words. The politician’s word lacks all credibility.”
Yet, in a different sense, Ms. Reza has achieved a better understanding of what makes politicians tick, or rather, what makes one politician tick. The twist, though, is that this politician is not Mr. Sarkozy but her lover at the time, a man identified in her book only as G.
“The book was inspired by G, but it was not possible for me to write about him,” Ms. Reza said, still refusing to give his name. “My central subject is how men of action, above all these huge political beasts, use their time. And they do so in a way quite different from ordinary mortals. They occupy every second so as not to see time passing. It’s a way of life. Idealism lags far behind.”
Still, it is Mr. Sarkozy, not G, depicted in her book, busily performing while Ms. Reza takes notes. “I find in my notebooks this remark uttered during another appearance,” she writes. “ ‘I can only love a landscape if I am in it with someone I love.’ A formula so vain. Like all those in which he brandishes the banner of love. And so he keeps at his disposal a set of professed beliefs in a box, reflections of reflections, he might give credence to, in the end.”
Today, though Ms. Reza is able to measure the candidate against the president, she has become more alarmed, specifically because Sarkozy as president is too much like Sarkozy as candidate.
“One of the things that I liked about him — there are many things, but this really seduced me — was his insolence,” she recalled. “But he has not understood that power is itself insolent and that he could not continue with his habitual insolences. During the campaign his insolence seemed like an expression of freedom, frankness. But in office he has not curbed it, he has misjudged its effect.”
One important character largely absent from “Dawn Dusk or Night” is Mr. Sarkozy’s wife at the time, Cécilia. When the book was published here, Ms. Reza noted diplomatically that Mrs. Sarkozy was rarely around, but now she said it was also apparent to her that their marriage was in trouble.
“I felt that his future was not with her,” Ms. Reza said. “I always had the impression that the couple would implode.”
Ms. Reza was not surprised when Mr. Sarkozy was next seen dating the former model Carla Bruni, whom he married in February. “He’s the kind of man who is incapable of being alone,” she said. “I don’t think he can spend a night alone, an evening alone. There may be passing affairs, but he needs someone real. So quickly someone serious entered his life.”
In her plays Ms. Reza often dwells on the fragility of men, their insecurities, their need for affection; in the book she sees Mr. Sarkozy as close to the characters she creates onstage.
“I think he is a tragic personality, a man bent on self-destruction,” she said. “It wasn’t clear during the campaign, but I am convinced that he has a powerful faculty for self-destruction.”
How did Mr. Sarkozy react to her book? “I haven’t seen him since the book came out, but he did telephone me a month and a half later,” she recalled. “I said, ‘Well, you’ve taken a month and a half to call.’ And he said, ‘And you spent a year with me thinking of another man.’ So I think he has read it.”
Playwright's portrait paints Sarkozy as a vain, childlike egotist
·
Yasmina Reza given access to presidential campaign
· Publication follows claims holiday snaps airbrushed
Angelique Chrisafis in Paris
Friday August 24, 2007
Guardian
Nicolas Sarkozy is a pint-sized egotist with a limp who hates being alone, rails at his "bloody stupid" publicists and is ashamed of his pet chihuahua named Big, according to a book published today by the French playwright Yasmina Reza.
The French president allowed Reza, best known for her West End hit Art, to trail him for a year in the run-up to his May election. He knew that authorising a portrait by a literary figure would boost his standing in the arts world, where he is derided for his lack of cultural standing and tacky tastes, which include the ageing rocker Johnny Hallyday. "Even if you demolish me, you will make me bigger," he told Reza as she began the project.
The resulting book, Dawn, Evening or Night-time, already a bestseller on amazon.fr before its release, is tipped to win France's top literary prize.
Although the work reveals little new about the president and sometimes fawns with admiration, Reza depicts a tetchy and "unexpectedly fragile" overgrown schoolboy locked into a "childlike search for approbation". A 4am riser, he is cruelly ambitious, driven by a need to succeed "and to please" that is doomed never to make him happy, she says.
Mr Sarkozy, who this week marked 100 days in power, emerges as self-absorbed - a man who studies his TV ratings after chat show appearances. He admits that his obsession with sales figures for his book Testimony is "pathological", making his publisher fax him detailed sales breakdowns every day. "It's a drug," he says.
"If I didn't exist, you'd have to invent me," he tells Reza, bragging how he "listens to very few people", and joking of the crowds at a London appearance: "They haven't seen this since the Beatles." After meeting Tony Blair at Downing Street, he says: "We've made a decision, Tony and I are going to conquer Europe."
He is constantly fidgeting, easily bored, does not drink alcohol but has moments of bolting down sweets and canapés at an alarming speed.
At one point, he grabs a copy of Le Figaro from Reza, "visibly gripped" by an item on the paper's front page. It is not the story about Iran or the French election, but a luxury watch advert. "That's a nice Rolex," he says.
Bragging that he depends on no-one, he nonetheless leans on his successful speechwriter, Henri Guaino, pacing around his office smoking a cigar while practising his oration. One night, in his dressing room reading through a speech, he asks Reza how to pronounce the name of the German poet Rilke.
After Mr Sarkozy wins the presidency, Reza meets him in his Elysée office. He says he has binned the clutter left by his predecessor Jacques Chirac, including a massive animal's horn. "A rhinoceros?" asks Reza. "No, you know, those things in water that have a horn," he replies. She is at a zoological loss.
"Are you happy?" she asks him, teasing at the emptiness now that he has reached the top. "I'm serene," he replies.
Reza told interviewers yesterday how she was ultimately impressed with Mr Sarkozy. Her book respectfully avoids dwelling on his wife, Cecilia.
Elsewhere, deference to the president sparked a media row after the glossy magazine Paris Match, owned by one of Mr Sarkozy's friends, was accused of airbrushing out his love-handles from a holiday photo of him in swimming trunks, to make him look slimmer.
Mr Sarkozy's approval ratings remain high at 61%, but they have dropped steadily in recent weeks. After his honeymoon period, September will focus on difficult reforms such as state pensions, cutting public sector workers and curbing strike action. "It's getting difficult," warned the daily Le Parisien.
GUILLAUME TABARD.
Publié le 23 août 2007
Actualisé le 23 août 2007 : 08h14
Cette chronique littéraire de la campagne présidentielle est l'événement de la rentrée éditoriale.
ŒUVRE littéraire ou essai politique ? Au terme d'une attente savamment orchestrée, L'Aube le soir ou la nuit, le livre de Yasmina Reza (1), est en tout cas assuré d'être le succès éditorial de la rentrée.
Héros de ce récit, Nicolas Sarkozy a reçu lundi le livre à la sobre couverture crème. Mais « il ne l'a pas encore lu », assurait hier son entourage, tandis que les premiers exemplaires seront demain en librairie, le jour même où le président franchit le cap des cent jours de son installation à l'Élysée.
Durant un an, l'écrivain, qui s'est rendu célèbre par ses pièces de théâtre (lire ci-dessous) a suivi le candidat victorieux dans sa campagne présidentielle. Le livre commence par le premier contact Place Beauvau, où le ministre de l'Intérieur accepte de jouer le jeu d'une totale transparence avec l'auteur. Et s'achève par un ultime rendez-vous à l'Élysée, dans un bureau où « j'ai enlevé des tas de trucs que Chirac avait laissés », confie le nouvel élu.
Plus qu'aucun journaliste ayant « couvert » la campagne, Yasmina Reza a partagé l'intimité du candidat, assisté à des rendez-vous, comme cet entretien avec le président algérien Bouteflika, participé à des réunions d'état-major, vécu les moments d'intimité avec les proches.
Parce qu'un an défile en moins de deux cents pages, L'Aube le soir ou la nuit ne prétend pas être un récit de la campagne présidentielle. De nombreux livres de journalistes l'ont déjà racontée en détail, avec une approche plus strictement politique. Enchaînant confidences, saynètes et impressions personnelles, la dramaturge cherche avant tout à percer le secret d'un « homme qui veut concurrencer la fuite du temps », comme elle l'écrit.
Chirac : «convenu et démodé»
L'intérêt de ce livre pour la chronique politique est que son « pacte » avec Sarkozy permet à Reza de reproduire des propos qu'il tient fréquemment devant ses interlocuteurs mais qui appartiennent habituellement au domaine du « off », c'est-à-dire qu'ils ne sont pas repris dans la presse. Ainsi, en regardant les derniers voeux télévisés de Jacques Chirac, son futur successeur le trouve « convenu et démodé. À sa place, j'aurais dit, voilà, je vous ai servi pendant douze ans, une nouvelle époque s'annonce ». Mais sous la critique, perce une admiration subsistante : « il y avait de l'énergie chez le vieux lion ».
Au retour d'un trajet en avion avec Michèle Alliot-Marie, le candidat UMP fanfaronne auprès de l'écrivain : « comme ça, tu as vu la différence. » « Quelle connerie !», explose-t-il à l'issue des ces « forums de l'Union », exigés par MAM avant la désignation officielle du candidat de l'UMP. Sur sa rivale, Ségolène Royal, le vainqueur du second tour n'est pas plus tendre : « L'autre commence à débloquer à plein pot.» Ou encore : « Ce n'est pas sûr que le fait d'être nul soit un handicap en France. »
L'aube le soir ou la nuit cite de nombreux conseillers de Sarkozy. Mais le seul à être véritablement mis en scène est Henri Guaino, le rédacteur principal de ses discours. On voit les deux hommes passer de longues minutes à travailler une formule. L'admiration du chef de l'État pour son actuel conseiller spécial à l'Élysée affleure, même si, comme à son habitude, il l'exprime parfois sous un mode caustique : « Guaino, il est difficile, mais il a du génie. Ils veulent m'enlever Guaino. Moi, j'ai besoin de Guaino. J'aime les fêlés. Ils me rassurent. »
Des propos inédits confirment le flair politique de Sarkozy. « Si on n'avait pas l'identité nationale, on serait derrière Ségolène. On est sur le premier tour mes amis. Si je suis à 30 %, c'est qu'on a les électeurs de Le Pen. Si les électeurs de Le Pen me quittent, on plonge. »
Mais ce qu'on apprend surtout dans le livre de Reza, c'est que cette marche à la victoire n'est pas une conquête du bonheur. Sûr d'être élu, Sarkozy confie, à quelques jours du second tour : « J'aurai un palais à Paris, un château à Rambouillet, un fort à Brégançon. C'est la vie.» Dans son nouveau bureau élyséen, qu'il trouve « un peu triste », il soupire « je ne peux pas dire que je suis malheureux... Me voilà enfin débarrassé de ce fardeau ». Comme si la campagne avait épuisé son capital de joie.
(1) Flammarion. 190 pages. 18 euros.
Yasmina Reza und Sarkozy
Tagebuch einer Jägerin
Von Jürg Altwegg, Genf
24. August 2007
Text: F.A.Z.,
25.08.2007, Nr. 197 / Seite 33
Ort der Handlung ist ein Hotel in der Provinz. Auf ihren Knien liegt der „Figaro“. Die Schlagzeile ist dem irakischen Präsidenten gewidmet, der gerade eine Wahlschlappe erlitten hat. Ein Thema für Sarkozy? Eine weitere Meldung auf der Titelseite handelt vom bevorstehenden Wahlmeeting, zu dem sie nach Charlesville-Mézières gereist sind. Die Frau an seiner Seite in der Hotelbar ist die Schriftstellerin Yasmina Reza. Nicolas Sarkozy greift sich die Zeitung, die auf ihren Knien liegt: „Toll, diese Rolex“, schwärmt er nach einigen stillen Sekunden ehrfürchtigen Staunens. Ihn hat nur die Anzeige interessiert. Eine Rolex trug er auch - deutlich sichtbar, wie alles an ihm - beim TV-Duell gegen Ségolène Royal.
Während Monaten hat Yasmina Reza, eine der meistgespielten Autorinnen des Gegenwartstheaters, die Kampagne von Nicolas Sarkozy begleitet: die mit einem hochentwickelten Gespür für Inszenierungen ausgestattete Schriftstellerin als scharfe Beobachterin des begabtesten politischen Selbstdarstellers seit Ronald Reagan. Sie war dabei, wenn Journalisten, Leibwächter, Berater und Familie ausgeschlossen blieben. Im Flugzeug, im Auto und im Helikopter, in der Wohnung, im Hotel und im Büro ist sie auf engster Tuchfühlung mit Sarkozy. Von diesen Schauplätzen im Schatten der Kameras berichtet sie in ihrem Buch.
Sie hatte alle Freiheiten
Im Juni letzten Jahres hatte sich Yasmina Reza mit dem Kandidaten in Verbindung gesetzt. Der Politiker kennt sie nur dem Namen nach. Giscard, Mitterrand, Chirac hatten sich von Filmteams begleiten lassen. Sarkozy, der unliterarischste Präsident der Fünften Republik, wollte keine Kameras. „Selbst wenn Sie mich verreißen, wird es zu meinem Ruhm geschehen“, erklärt er der weltberühmten Dramatikerin bei ihrem ersten Treffen. Er räumt ihr jegliche Freiheiten ein. Die einzige Bedingung, die Yasmina Reza stellt: Sie will nicht auf den Pressefotos mit Sarkozy erscheinen. Selbst zu den Meetings der Wahlstrategen und Parteiverantwortlichen, wo immer wieder die Fetzen fliegen und Sarkozy gelegentlich rumtobt, darf sie mitgehen.
„Was ist ein politisches Schicksal? Diese Frage fasziniert mich seit Jahren“, sagt die Schriftstellerin, „Politik an sich interessiert mich nicht sonderlich. Ich wollte ergründen, wie man an die Macht gelangt, Und warum jemand sie will. Sarkozy eröffnete mir seine Dramaturgie. Ich suchte bei ihm ein Echo auf die Obsessionen meiner eigenen Stücke.“ Ihr Zusammentreffen ist ein faszinierendes Duell auf Augenhöhe, ein Schlagabtausch zwischen zwei Gestaltern ohne Selbstzweifel. Beide stehen ganz oben und wissen es: Sie berauschen sich gegenseitig am Gipfeltreffen von Politik und Literatur.
Komplizen und Rivalen
Auf der ersten Seite zitiert Yasmina Reza einen Freund: „Tyrannen und Dichtern ist gemein, dass sie die Welt ihren Wünschen und Vorstellungen unterwerfen.“ Sie werden sehr schnell vertraute Komplizen und bleiben dennoch Rivalen. „Schau, in London bist du fünf Jahre auf dem Spielplan geblieben, in New York zwei - aber hier in der Provinz kennt dich keiner.“ Auf ihrer Bühne feiert Sarkozy seine Triumphe und lässt sich vom Publikum applaudieren. Sie rächt sich mit Bemerkung über die intellektuelle Dürftigkeit einiger seiner Reden, wenn er sich über die Jugend oder die zeitgenössische Kultur auslässt. Nach einem ganz besonders demagogischen Auftritt kontaktiert sie im Begleittross den Korrespondenten der „Libération“, der einen ätzenden Artikel veröffentlicht hat, und zeigt ihm, dass sie mit ihm einverstanden ist.
In ihren Aufzeichnungen finden sich kaum Werturteile, Kommentare, Kritiken. Sie bestehen aus spitz und knapp formulierten Beobachtungen, aus kleinen Szenen. Doch auch der Informationswert ihres Berichts ist beträchtlich. Denn in diesem Buch steht, was Sarkozy im engsten Kreis sagt und auch vor Journalisten „off“ von sich gibt. Die Schriftstellerin darf es als Einzige sagen. Weil der Literatur ohnehin niemand glaubt? Yasmina Reza betreibt mit ihrer Informationsfreiheit einen äußerst subtilen Umgang. Sie gewinnt das Vertrauen des Lesers, ohne jenes von Sarkozy zu verraten.
Intelligent, oberflächlich, narzisstisch
Sie sieht sich mit dem Kandidaten die letzten Neujahrswünsche Chiracs im Fernsehen an: „Ich weiß nicht, ob er es ohne mein Anliegen überhaupt getan hätte.“ Die Schriftstellerin beschreibt Chiracs hervorstechende Augen und seine „tödlich bleiche“ Gesichtsfarbe. Als „konventionell und altmodisch“ empfindet Sarkozy den Auftritt: „An seiner Stelle hätte ich gesagt: Voilà, zwölf Jahre habe ich Frankreich gedient, jetzt beginnt eine neue Ära.“ Doch der scheidende Präsident erwähnt Sarkozy mit keinem Wort.
Yasmina Rezas Stück über den Wahlkampf lebt von vielen in sich geschlossenen Episoden. „Wenn es mich nicht geben würde, müsste man mich erfinden“, hat Sarkozy einmal zur Schriftstellerin gesagt. Sie beschreibt ihn jedoch so, wie man ihn kennt: intelligent und ehrgeizig, oberflächlich und narzisstisch, ungeduldig und nervös. Eine Figur, die gnadenlos von ihren eigenen existentiellen Ängsten getrieben wird und permanent ihren Übereifer, ihren grenzenlosen Willen in Szene setzt. Sarkozy hat ein einziges Lebensziel vor Augen: den Sieg, die Macht - und noch mehr die Rückeroberung seiner Frau. Auch die Liebe ist Thema seines Smalltalks mit der Schriftstellerin. Nie gehen ihre Wortwechsel in die Tiefe. Dafür fehlen Sarkozy die Zeit und die Geduld. Über Cecilia, die auch vorkommt, sagt Yasmina Reza nichts. Das war eine der wenigen Spielregeln, die Sarkozy vorgab.
Verräter, Sekundanten und Statisten
Während eines Jahres hat das Stück, das die Autorin in starken kleinen Sequenzen nachstellt, das ganze Land in Atem gehalten. Es hat das Tempo des Lebens bestimmt und die Dramaturgie der Jahreszeiten wie der Politik überlagert. Es handelt von einem Emporkömmling fremder Herkunft, der König werden will. Er hat den alten Monarchen, dessen Tochter er einst liebte und der die Macht nicht abgeben will, in mehreren Etappen erledigt und den politischen Vatermord auf demokratische Weise vollzogen. Das Volk liebt und hasst ihn, die Freunde wollen seinen Aufstieg verhindern. Seine neue Prinzessin liebt zeitweise einen anderen. Die letzte politische Rivalin ist eine Frau - aber wie kämpft ein kleiner Mann von 165 Zentimetern gegen das schwache Geschlecht? Auch ein Verräter, viele Sekundanten und Statisten treten auf.
Doch auf den Ausgang und den Verlauf hat die Schriftstellerin keinen Einfluss. „Es gibt in der Tragödie“, zu der die Dramatikerin das nicht von ihr geschriebene Stück verklären will, „keinen Ort. Und es gibt keine Stunde. Es ist im Morgengrauen, am Abend oder in der Nacht“, schreibt sie. Dieser letzte Teil wurde zum Titel der Publikation: „L'aube, le soir ou la nuit“. Dass ein „schreckliches Ende“ dem literarischen Rang dienlich wäre, hat Yasmina Reza während der Kampagne einmal zu einem Journalisten des „Monde“ gesagt. Gegen diese Aussage sind Sarkozys Berater, welche von Literatur nichts verstehen wollen, auf die Barrikaden gestiegen und haben erreicht, dass die Schriftstellerin bei der Zeitung vorstellig wurde: „Verstehen Sie, man bekommt sonst den Eindruck, dass ich auf seine Niederlage baue.“ Ansonsten sorgte Sarkozy stets dafür, dass man sie in Ruhe ließ.
Er liest keine Bücher über sich selbst
Sein Sieg wird die Auflage dieses einzigartigen Buchs beflügeln. „Ich werde einen Palast in Paris haben, ein Schloss in Rambouillet, eine Festung am Mittelmeer“, sagte er ein paar Tage vor dem zweiten Wahlgang zur Schriftstellerin. Am Abend des 6. Mai ist sie allein mit dem neuen Präsidenten in dessen Büro. Nein, eine Katastrophe ist sein politischer Triumph über die literarischen Gesetze der Tragödie nicht. Und die für Frankreich angekündigte Katharsis wird es wohl ebenso wenig geben. Aber auch am Ziel seiner Wünsche und seines Lebens wird Sarkozy keine Ruhe und das Glück nicht finden: „Ja, ich bin zutiefst zufrieden. Aber ich empfinde keine Freude.“ Auf der Pariser Place de la Concorde, wo die Anhänger Sarkozys feiern, wird Yasmina Reza von einem Berater mit Tränen in den Augen gesehen. Als sie sich zum Pariser Nobellokal Fouquet's begibt, in dem die engsten Freunde zum Essen geladen sind, stößt sie erstmals seit einem Jahr auf verschlossene Türen. Cecilia hat die Einladungsliste bestimmt.
Wie Sarkozy, der sich in Malta erholte, ist Yasmina Reza jetzt vor dem Rummel um ihr Buch auf eine Insel im Mittelmeer geflüchtet. Es erscheint an diesem Wochenende in Paris. Der Präsident feiert seine hundert Tage im Amt. Am vergangenen Montag hat man ihm ein erstes Exemplar überbracht. Kommentar aus dem Elysée: „Sarkozy liest keine Bücher, die über ihn geschrieben wurden.“