12-9-2001

 

"PLATEFORME",

de Michel Houellebecq

 

 

 

 

Poucos meses depois de Catherine Millet, com “La vie sexuelle de Catherine M.”, um novo escândalo rebenta nos meios literários de Paris, com o anúncio da publicação no final de Setembro, do novo romance de Michel Houellebecq (ver biografia e bibliografia),  “Plateforme”, Flammarion, onde aparentemente, o autor incita ao turismo sexual (o que ele nega). Tendo tido bastante sucesso e ganho algum dinheiro com o último livro “Les particules élémentaires” (Flammarion, 1998), Michel Houellebecq foi para a ilha paradisíaca de Bere, na Irlanda (ver estes sites  ^ ^ ■^■ ), onde vive feliz com a segunda esposa, Marie Pierre.

Ainda antes da publicação, o livro suscita vasta polémica, não só em França, mas também além Mancha e do outro lado do Atlântico.

 

 

 

            

 

 

        EXTRAITS DU LIVRE:

 

La rentrée de Houellebecq

Trois ans après "Les Particules élémentaires" (Flammarion, 1998), Michel Houellebecq revient avec un roman qui risque de susciter une nouvelle polémique. "Plateforme" suit les pérégrinations d'un adepte du tourisme sexuel. Il souligne à sa manière froide et distanciée le cynisme moral qui préside à l'enrichissement de professionnels sans scrupules. La sortie du livre en librairie est prévue pour le 25 septembre. "Le Monde" publie, en avant-première, des extraits de ce livre.

 

Nous quittâmes l'hôtel à sept heures ; la circulation était déjà dense. Valérie me fit un petit signe de tête et s'installa au même niveau que moi, de l'autre côté du couloir. Personne ne parlait dans l'autocar. La mégalopole grise s'éveillait lentement ; des scooters occupés par des couples, avec parfois un enfant dans les bras de la mère, filaient entre les bus bondés. Une brume légère stagnait encore dans certaines ruelles proches du fleuve. Bientôt le soleil allait percer les nuages matinaux, il allait commencer à faire chaud. A la hauteur de Nonthaburi le tissu urbain s'effilocha, nous aperçumes les premières rizières. Des buffles immobiles dans la boue suivaient l'autocar du regard, exactement comme l'auraient fait des vaches. Je sentis quelques trépignements du côté des écologistes jurassiens ; sans doute auraient-ils souhaité réaliser deux ou trois clichés de buffles.

Le premier arrêt eut lieu à Kanchanaburi, ville dont les guides s'accordent à souligner le caractère animé et gai. Pour le Michelin, c'est un "merveilleux point de départ pour la visite des contrées environnantes" ; Le Routard, quant à lui, la qualifie de "bon camp de base". La suite du programme impliquait un parcours de plusieurs kilomètres sur le chemin de fer de la mort, qui serpentait le long de la rivière Kwao. Je n'avais jamais bien démêlé cette histoire de rivière Kwao, aussi tentai-je d'écouter les explications de la guide. Heureusement René, muni de son Guide Michelin, suivait au fur et à mesure, toujours prêt à rectifier tel ou tel point. En résumé les Japonais, après leur entrée en guerre en 1941, avaient décidé de construire un chemin de fer pour relier Singapour et la Birmanie –avec, comme objectif à long terme, l'invasion de l'Inde. Ce chemin de fer devait traverser la Malaisie et la Thaïlande. Mais que faisaient donc les Thaïs, au fait, pendant la Seconde Guerre mondiale ? Eh bien, en fait, pas grand-chose. Ils étaient "neutres", m'apprit pudiquement Sôn. En réalité, compléta René, ils avaient conclu un accord militaire avec les Japonais, sans pour autant déclarer la guerre aux Alliés. C'était la voie de la sagesse. Ainsi, une fois de plus, ils avaient su faire preuve de ce fameux esprit de subtilité qui leur avait permis pendant plus de deux siècles, pris en étau entre les puissances coloniales française et anglaise, de ne céder à aucune, et de demeurer le seul pays d'Asie du Sud-Est à ne jamais avoir été colonisé.

En 1942, quoi qu'il en soit, les travaux avaient commencé sur le secteur de la rivière Kwao, mobilisant soixante mille prisonniers de guerre anglais, australiens, néo-zlandais et américains, ainsi qu'une quantité "innombrable" de travailleurs forcés asiatiques. En octobre 1943 le chemin de fer était terminé, mais seize mille prisonniers de guerre avaient trouvé la mort – compte tenu de l'absence de nourriture, du mauvais climat et de la méchanceté naturelle des Japonais. Peu après, un bombardement allié avait détruit le pont de la rivière Kwaï, élément essentiel de l'infrastructure – rendant ainsi le chemin de fer inutilisable. En résumé il y avait eu pas mal de viande froide, pour un résultat à peu près nul. Depuis, la situation n'avait guère évolué – et il demeurait impossible d'avoir une liaison ferroviaire correcte entre Singapour et Delhi.

C'est dans un état de légère détresse que j'entamai la visite du JEATH Museum, construit pour commémorer les souffrances épouvantables des prisonniers de guerre alliés. Certes, me disais-je, tout cela était bien regrettable ; mais enfin il y avait tout de même eu pire, pendant la Seconde Guerre mondiale. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que, si les prisonniers avaient été polonais ou russes, on aurait fait moins d'histoires.

Un peu plus tard, il fallut subir la visite du cimetière des prisonniers de guerre alliés – ceux qui avaient, en quelque sorte, accompli l'ultime sacrifice. Il y avait des croix blanches, bien alignées, toutes exactement identiques ; l'endroit dégageait un ennui profond. Ça me rappelait Omaha Beach, qui ne m'avait pas tellement ému non plus – qui m'avait plutôt, à vrai dire, fait penser à une installation d'art contemporain. "Ici, m'étais-je dit avec un sentiment de tristesse que je sentais insuffisant, ici, tout un tas d'imbéciles sont morts pour la démocratie." Le cimetière de la rivière Kwaï, cela dit, était beaucoup plus petit, on pouvait même envisager de compter les tombes ; je renonçai assez vite à l'exercice. "Il ne peut pas y en avoir seize mille..." conclus-je cependant à voix haute. "C'est exact !" m'informa René, toujours armé de son guide Michelin. "Le nombre de morts est estimé à seize mille ; mais, dans ce cimetière, on ne trouve que cinq cent quatre-vingt-deux tombes. Ils sont considérés (il lisait en suivant les lignes avec son doigt) comme les cinq cent quatre-vingt-deux martyrs de la démocratie."

Lorsque j'avais obtenu ma troisième étoile, à l'âge de dix ans, j'étais allé dans une pâtisserie pour me bourrer de crêpes au Grand Marnier. C'était une petite fête solitaire ; je n'avais pas de camarades avec qui partager cette joie. Comme tous les ans à la même époque, je séjournais chez mon père à Chamonix. Lui-même était un guide de haute montagne, et un alpiniste confirmé. Il avait des amis dans son genre, des hommes courageux et virils ; je ne me sentais pas bien parmi eux. Je ne me suis jamais senti bien parmi les hommes. J'avais onze ans la première fois qu'une fille m'avait montré sa chatte ; tout de suite j'avais été émerveillé, j'avais adoré ce petit organe fendu, étrange. Elle n'avait pas beaucoup de poils, c'était une fille de mon âge, elle s'appelait Martine. Elle était restée longtemps les cuisses ouvertes, maintenant sa culotte bien écartée pour que je puisse voir ; mais quand j'avais voulu approcher la main elle avait pris peur, elle s'était enfuie. Tout cela me paraissait récent, je n'avais pas l'impression d'avoir tellement changé. Mon enthousiasme pour les chattes n'avait pas décru, j'y voyais même un de mes derniers traits pleinement humains, reconnaissables ; pour le reste, je ne savais plus très bien.

Peu après que nous fûmes remontés dans l'autocar, Sôn prit la parole. Nous nous dirigions maintenant vers l'hébergement de ce soir, qui serait, elle tenait à le souligner, de la qualité très exceptionnelle. Pas de TV, pas de vidéo. Pas d'électricité, des bougies. Pas de salle de bains, l'eau du fleuve. Pas de matelas, des nattes. Retour nature complet. Ce retour à la nature, je le notai mentalement, se manifestait d'abord sous l'aspect d'une série de privations ; les écologistes jurassiens – qui, je l'avais appris malgré moi pendant le parcours en train, se prénommaient Eric et Sylvie – en bavaient d'impatience. "Cuisine française ce soir" conclut Sôn sans relation apparente. "Nous maintenant manger thaï. Petit restaurant aussi, bord rivière."

L'endroit était charmant. Des arbres ombrageaient les tables. Près de l'entrée il y avait un bassin ensoleillé, avec des tortues et des grenouilles.

Je restai longtemps à observer les grenouilles ; une fois de plus, j'étais frappé par l'extraordinaire prolifération de la vie sous ces climats. Des poissons blanchâtres nageaient entre deux eaux. Plus haut, il y avait des nénuphars et des puces d'eau. Des insectes se posaient continûment sur les nénuphars. Les tortues observaient tout cela avec la placidité qu'on reconnaît à leur espèce.

Sôn vint me prévenir que le repas avait commencé. Je me dirigeai vers la salle près de la rivière. On avait dressé deux tables de six ; toutes les places étaient prises. Je jetai autour de moi un regard légèrement paniqué, mais René vint très vite à mon secours. "Pas de problème, venez à notre table ! lança-t-il avec largesse, on va rajouter un couvert au bout." Je m'installai donc à la table qui était apparemment celle des couples constitués : les écologistes jurassiens, les naturopathes – qui, je l'appris à cette occasion, répondaient aux prénoms d'Albert et Suzanne – et les deux seniors charcutiers. Cet arrangement, j'en eus vite la conviction, ne répondait à aucune affinité réelle, mais à la situation d'urgence qui avait dû se présenter lors de l'attribution des tables ; les couples s'étaient regroupés instinctivement, comme dans toute situation d'urgence ; ce déjeuner n'était en somme qu'un round d'observation.

La conversation roula d'abord sur le sujet des massages, qui semblait cher aux naturopathes. La veille au soir, Albert et Suzanne, délaissant les danses traditionnelles, avaient bénéficié d'un excellent massage du dos. René eut un léger sourire égrillard ; l'expression d'Albert lui apprit vite que son attitude était complètement déplacée. Le massage traditionnel thaï, s'enflamma-t-il, n'avait rien à voir avec on ne sait quelles pratiques ; c'était la manifestation d'une civilisation centenaire, voire millénaire, qui d'ailleurs rejoignait parfaitement l'enseignement chinois sur les points d'acupuncture. Eux-mêmes le pratiquaient, dans leur cabinet de Montbéliard, sans pouvoir naturellement atteindre à la dextérité des praticiens thaïs ; ils avaient pris la veille au soir, conclut-il, une belle leçon. Eric et Sylvie les écoutaient, fascinés. René toussota avec embarras ; le couple de Montbéliard n'évoquait en effet aucune image lubrique. Qui avait bien pu accréditer cette idée que la France était le pays de la gaudriole et du libertinage ? La France était un pays sinistre, entièrement sinistre et administratif.

"Moi aussi on m'a massé le dos, mais la fille a terminé par les couilles..." intervins-je sans conviction. Comme j'étais en train de mastiquer des noix de cajou personne n'entendit, à l'exception de Sylvie, qui me jeta un regard horrifié. J'avalai une gorge de bière et soutins son regard sans gêne : est-ce que cette fille était au moins capable de s'occuper correctement d'une bite ? Ça n'avait rien de démontré. Dans l'intervalle, je pouvais attendre mon café.

"C'est vrai qu'elles sont mignonnes, les petites..." remarqua Josette en attrapant une tranche de papaye, ajoutant ainsi au malaise général. Le café se faisait attendre. Que faire, en fin de repas, si on n'a pas le droit de fumer de cigarettes ? J'assistais tranquillement à la montée de l'ennui mutuel. Nous conclûmes la conversation, avec difficulté, par quelques considérations sur le climat. (...)

Dans l'autocar, Sôn reprit la parole. La région frontalière que nous allions aborder était en partie peuplée de réfugiés birmans, d'origine karen ; ce n'était nullement un inconvénient. Karens bien, estima Sôn, courageux, enfants travaillent bien à l'école, pas de problème. Rien à voir avec certaines tribus du Nord, que nous n'aurions pas l'occasion de rencontrer au cours de notre périple ; et, d'après elle, nous ne perdions pas grand-chose. En particulier dans le cas des Akkhas, contre qui elle semblait avoir une dent. Malgré les efforts du gouvernement, les Akkhas semblaient incapables de renoncer à la culture du pavot, leur activité traditionnelle. Ils étaient vaguement animistes et dévoraient des chiens. Akkhas mauvais, souligna Sôn avec énergie : à part culture pavot et cueillette fruits, savent rien faire ; enfants travaillent pas à l'école. Argent beaucoup dépensé pour eux, résultat aucun. Ils sont complètement nuls, conclut-elle avec un bel esprit de synthèse.

En arrivant à l'hôtel j'observai donc avec curiosité ces fameux Karens, qui s'activaient au bord du fleuve. Vus de près, je veux dire sans mitraillette, ils n'avaient pas l'air tellement méchants ; le point le plus évident est qu'ils semblaient adorer leurs éléphants. Se baigner dans la rivière et brosser le dos de leurs éléphants, ça paraissait être leur plus grande joie. Il est vrai qu'il ne s'agissait pas de rebelles karens, mais de Karens ordinaires – ceux qui, justement, avaient fui la zone des combats parce qu'ils étaient las de toutes ces histoires, et qu'ils restaient à peu près indifférents à la cause de l'indépendance karen.

Un prospectus, dans la chambre, me donna quelques indications sur l'histoire du resort, qui s'identifiait avant tout à une très belle aventure humaine : celle de Bertrand Le Moal, routard avant la lettre, qui, tombé amoureux de l'endroit, y avait "posé son sac" dès la fin des annes 60. Avec acharnement, et aussi avec l'aide de ses amis karens, il avait peu à peu édifié ce "paradis écologique", dont pouvait maintenant bénéficier une clientèle internationale. (...) Les groupes humains composés d'au moins trois personnes ont une tendance apparemment spontanée à se diviser en deux sous-groupes hostiles. Le dîner était servi sur un ponton aménagé au milieu du fleuve ; cette fois, on avait dressé pour nous deux tables de huit. Les écologistes et les naturopathes étaient déjà installés à une table ; les anciens charcutiers, pour l'instant isolés, à la seconde. Qu'est-ce qui avait bien pu provoquer la cassure ? Peut-être la discussion de ce midi sur les massages, qui ne s'était, au fond, pas si bien passée. Par ailleurs, dès le matin, Suzanne, sobrement vêtue d'une tunique et d'un pantalon de lin blancs – bien conçus pour souligner la sécheresse de ses formes – avait pouffé de rire en apercevant la robe à fleurs de Josette. La répartition, quoi qu'il en soit, avait commencé. Un peu lâchement, je ralentis le pas pour me laisser devancer par Lionel, mon voisin d'avion – et maintenant de bungalow. Son choix s'opéra très vite, de manière à peine consciente ; je n'eus même pas l'impression d'un choix par affinités, mais d'une sorte de solidarité de classe, ou plutôt (car il travaillait à GDF, et était donc fonctionnaire, alors que les autres étaient d'ex-petits commerçants) d'une solidarité de niveau d'éducation. René nous accueillit avec un soulagement visible. Notre décision, à ce stade de l'installation, n'avait d'ailleurs rien de crucial : en rejoignant les autres, nous aurions confirmé avec vigueur l'isolement des anciens charcutiers ; alors que là, au fond, nous ne faisions que rééquilibrer les tables.

Babette et Léa arrivèrent peu après et s'installèrent, sans la moindre hésitation, à la table voisine.

Un long moment plus tard – les entrées étaient déjà servies – Valérie apparut à l'extrémité du ponton ; elle promena autour d'elle un regard indécis. A la table voisine, il restait deux places à côté de Babette et Léa. Elle hésita encore un peu, eut un bref sursaut et vint s'asseoir à ma gauche.

Josiane avait mis encore plus de temps que d'habitude à se préparer ; elle devait avoir eu du mal à se maquiller, à la lumière des bougies. Sa robe de velours noir n'était pas mal, un peu décolletée mais sans excès. Elle aussi marqua un temps d'arrêt, puis vint s'asseoir en face de Valérie.

Robert arriva le dernier, d'une démarche hésitante – il avait dû picoler avant le repas, je l'avais vu tout à l'heure avec une bouteille de Mékong. Il s'abattit lourdement sur le banc à la gauche de Valérie. Un cri bref mais atroce s'éleva de la jungle proche, probablement un petit mammifère qui venait de vivre ses derniers instants.

Sôn passa entre les tables pour vérifier que tout allait bien, que nous étions installés au mieux. Elle-même dînait de son côté avec le chauffeur – répartition peu démocratique, qui avait provoqué dès le déjeuner la réprobation de Josiane. Mais au fond je pense que ça l'arrangeait bien, même si elle n'avait rien contre nous ; elle avait beau faire des efforts, les longues discussions en français semblaient lui peser un peu. (...)

Tout se joua autour du riz gluant. Il était légèrement doré, aromatisé à la cannelle – une recette originale, il me semble. Prenant le taureau par les cornes, Josiane décida d'aborder de front la question du tourisme sexuel. Pour elle c'était absolument dégueulasse, il n'y avait pas d'autre mot. Il était scandaleux que le gouvernement thaï tolère ce genre de choses, la communauté internationale devait se mobiliser. Robert l'écoutait avec un sourire en coin qui ne me disait rien de bon. C'était scandaleux mais ce n'était pas surprenant, poursuivit-elle ; il fallait bien savoir qu'une grande partie de ces établissements (des bordels, on ne pouvait pas les appeler autrement) étaient en fait possédés par des généraux ; c'est dire la protection dont ils pouvaient bénficier.

"Je suis général..." intervint Robert. Elle en resta interloquée, sa mâchoire inférieure pendait lamentablement. "Non non, je blague... démentit-il avec un léger rictus. Je n'ai même pas fait l'armée."

Ça n'avait pas l'air de la faire sourire du tout. Elle mit un peu de temps à se remettre, mais réembraya avec une énergie décuplée :

"C'est absolument honteux que des gros beaufs puissent venir profiter impunément de la misère de ces filles. Il faut savoir qu'elles viennent toutes des provinces du Nord ou du Nord-Est, les régions les plus pauvres du pays.

– Pas toutes... objecta-t-il, il y en a qui sont de Bangkok.

– C'est de l'esclavage sexuel ! hurla Josiane, qui n'avait pas entendu. Il n'y a pas d'autre mot !..."

Je bâillai légèrement. Elle me jeta un regard noir, mais poursuivit, prenant tout le monde à témoin :

"Vous ne trouvez pas scandaleux que n'importe quel gros beauf puisse venir se taper des gamines pour une bouchée de pain ?

– Pas une bouchée de pain... protestai-je modestement. Moi j'ai payé trois mille bahts, c'est à peu près les prix français." Valérie se retourna et posa sur moi un regard surpris. "Vous avez payé un peu cher... nota Robert. Enfin, si la fille en valait la peine..."

Josiane tremblait de tous ses membres, elle commençait à m'inquiéter un peu. "Eh bien ! glapit-elle d'une voix suraiguë, moi ça me fait vomir qu'un gros porc puisse payer pour fourrer sa bite dans une gosse !

– Rien ne vous oblige à m'accompagner, chère madame..." répondit-il calmement.

Elle se leva en tremblant, son assiette de riz à la main. A la table d'à côté, toutes les conversations s'étaient interrompues. J'ai bien cru qu'elle allait lui balancer l'assiette à la gueule, et je crois que finalement c'est un reste de trouille qui l'a retenue. Robert la regardait avec le plus grand sérieux, ses muscles étaient tendus sous son polo. Il n'avait pas l'air du genre à se laisser faire, je l'imaginais très bien lui mettre un pain. Elle reposa violemment son assiette, qui se brisa en trois morceaux, se retourna et disparut dans la nuit, marchant rapidement vers les bungalows.

"Tsss..." fit-il avec réserve.

Valérie était coincée entre lui et moi ; avec élégance il se leva, contourna la table et vint s'asseoir à la place de Josiane, pour le cas où elle aurait souhaité quitter la table, elle aussi. Mais elle n'en fit rien ; à ce moment, le serveur apporta les cafés. Après avoir bu deux gorgées, Valérie se retourna à nouveau vers moi. "Alors c'est vrai, vous avez payé pour une fille ?..." demanda-t-elle doucement. Son ton était intrigué, mais dénué de réprobation franche.

"Elles ne sont pas si pauvres, ces filles, ajouta Robert, elles peuvent se payer des scooters et des fringues. Il y en a même qui se font refaire les seins. Ce n'est pas bon marché, de se faire refaire les seins. Elles aident aussi leurs parents, c'est vrai..." conclut-il pensivement.

A la table voisine, après quelques phrases échangées à voix basse, on se sépara rapidement – sans doute par solidarité. Nous restions seuls maîtres du terrain, en quelque sorte. La lune éclairait maintenant à plein la surface du ponton, qui brillait légèrement. "Elles sont si bien que ça, ces petites masseuses ?... interrogea rêveusement René. – Ah, monsieur !" s'exclama Robert avec une émotion volontairement grandiloquente, mais, me sembla-t-il, au bout du compte sincère, "ce sont des merveilles ! de pures merveilles ! Et encore, vous ne connaissez pas Pattaya. C'est une station de la côte Est, poursuivit-il avec enthousiasme, entièrement dédiée à la luxure et au stupre. Ce sont d'abord les Américains qui sont venus, au moment de la guerre du Vietnam ; ensuite, beaucoup d'Anglais et d'Allemands ; et maintenant on commence à voir des Polonais et des Russes. Là-bas tout le monde est servi, il y en a pour tous les goûts : des homosexuels, des hétérosexuels, des travestis... C'est Sodome et Gomorrhe réunis. Mieux, même, parce qu'il y a également des lesbiennes.

– Ah, ah..." L'ancien charcutier semblait pensif. Sa femme bâilla calmement, s'excusa et se tourna vers son mari ; elle avait visiblement envie d'aller se coucher.

"En Thaïlande, conclut Robert, tout le monde peut avoir ce qu'il désire, et tout le monde peut avoir quelque chose de bien. On vous parlera des Brésiliennes, ou des filles de Cuba. J'ai beaucoup voyagé, monsieur, j'ai voyagé pour mon plaisir, et je n'hésite pas à vous le dire : pour moi, les Thaïs sont les meilleures amantes du monde."

© Flammarion

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 22.08.01

 

Le Routard s'en prend à Michel Houellebecq

L'auteur est accusé de rabaisser les femmes

 

Le fondateur-directeur du Guide du routard, Philippe Gloaguen, accuse Michel Houellebecq "d'écrire des saloperies contre la dignité des femmes". L'objet du litige est Plateforme, le nouveau roman de l'auteur des Particules élémentaires (1998), qui paraîtra le 24 août en librairie et qui sera l'un des événements de la rentrée littéraire. Le romancier y raconte comment la vie d'un terne fonctionnaire du ministère de la culture est bouleversée par sa rencontre, dans un club de vacances en Thaïlande, avec une jeune Française sensuelle et ambitieuse qui travaille dans le secteur du tourisme. Et y dénonce "l'élitisme vulgaire et le masochisme agressif" du guide consacré à la Thaïlande, ainsi que sa "pudibonderie".

Dans un communiqué, M. Gloaguen a déclaré que le Guide du routard (édition Hachette) "est fier d'être contre la prostitution en Thaïlande" et a précisé que, dans ce pays, "les filles sont vendues", que "prostituée se dit phoung ha kin, c'est-à-dire celles qui cherchent à manger", que les salons de massage sont "de gigantesques foires aux esclaves". Notant que "70 % des libraires en France sont des femmes", il estime que l'éditeur du roman, Flammarion, devrait "faire attention aux retours".

Philippe Cloaguen s'en était déjà pris à Michel Houellebecq dans Le Journal du dimanche du 12 août, indigné de voir ses collaborateurs traités de "connards humanitaires protestants" dans ce roman, qui brocarde également avec férocité la "chouette bande de copains dont les sales gueules s'étalent complaisamment en quatrième de couverture".

Plateforme est aussi une histoire d'amour.

Michel Houellebecq y montre que l'Occident ne sait plus aimer et que, de cette incapacité, naît le marché du tourisme sexuel entre le Nord, repu et "malheureux jusqu'à l'os", et "l'autre côté", où "des milliards d'individus crèvent de faim et n'ont plus rien à vendre que leurs corps". Le héros du livre, qui se prénomme Michel, y déclare : "C'est simple, vraiment simple à comprendre : c'est une situation d'échange idéale."

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 22.08.01

 

La lente et tardive prise de conscience de la réalité du tourisme sexuel

Depuis 1994, les personnes qui ont sexuellement abusé de mineurs à l'étranger peuvent être jugées à leur retour sur le sol français. Cette loi, renforcée après le premier congrès mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants, en 1996, a donné lieu à deux procès, qui se sont conclus par des peines de prison

 

CONTROVERSE La parution, vendredi 24 août, du nouveau roman de Michel Houellebecq, Plateforme, a relancé le débat sur le tourisme sexuel.  DEPUIS LE PREMIER CONGRÈS mondial contre l'exploitation sexuelle des enfants, à Stockholm, en 1996, la France a adopté des lois facilitant les poursuites. Deux procès ont déjà eu lieu, l'un en 1997, l'autre en 2000. Tous deux ont donné lieu à des peines d'emprisonnement.  CLAIRE BRISSET, défenseure des enfants et ancienne porte-parole du comité français de l'Unicef, affirme que la lutte contre le tourisme sexuel se heurte à des "mafias qui en tirent des sommes comparables à celles du trafic de la drogue et des armes".  EN THAÏLANDE, l'industrie de la prostitution représente un marché de 7 milliards de francs. De plus en plus d'étudiants se prostituent pour payer leurs études.

Apologie du tourisme sexuel ou constat clinique de l'état de la sexualité en Occident ? Entre les déclarations assassines et les critiques élogieuses, le troisième roman de Michel Houellebecq, Plateforme, n'a pas attendu sa sortie en librairie, vendredi 24 août, pour susciter une nouvelle controverse, alimentée par la colère du fondateur et directeur du Guide du routard, Philippe Gloaguen.

Celui-ci a annoncé, vendredi, son intention de porter plainte dans les prochains jours contre l'auteur des Particules élémentaires, qu'il accuse de "faire l'apologie de la prostitution et de la pédophilie en se réfugiant derrière ses personnages". M. Gloaguen n'a pas apprécié de voir le narrateur du roman traiter les auteurs du Guide sur la Thaïlande de "connards humanitaires protestants", dont "les sales gueules s'étalaient complaisamment en quatrième de couverture". Il n'a pas davantage accepté les critiques sur la "pudibonderie", "l'élitisme vulgaire" et "le masochisme agressif" brocardés par le narrateur de Plateforme en réponse à la dénonciation du tourisme sexuel par les Routards (Le Monde du 22 août). Le "scandale", aux yeux de M. Gloaguen, tient cependant moins à ces critiques, qui relèvent de "la liberté d'expression", qu'à la manière "inacceptable" dont le narrateur et l'auteur du roman s'accordent sur les charmes de la prostitution en Thaïlande.

Pour M. Gloaguen, qui finance depuis quatre ans un orphelinat au Cambodge, où "un tiers des 117 garçons et filles y résidant ont été violés entre huit et douze ans", ne pas distinguer la prostitution européenne de celle pratiquée en Asie du Sud-Est revient à encourager "la pédophilie et l'esclavage", en raison du nombre très élevé de prostituées séropositives qui incitent, en Thaïlande, "les clients à demander des filles très jeunes pour diminuer le risque d'attraper le sida". Celles-ci sont vendues par centaines, enfermées et maltraitées dès huit ans, rappelle-t-il à l'adresse de M. Houellebecq. Bref, "c'est un débat de société, pas une bataille d'éditeurs", assène M. Gloaguen, qui compte bien obtenir en justice des dommages et intérêts pour venir en aide aux orphelins de Phnom Penh.

Mobilisé aux îles Canaries pour le tournage d'un documentaire que lui consacre la BBC, Michel Houellebecq a fait part de son "étonnement" devant les accusations dont son roman fait l'objet.

Son éditeur chez Flammarion, Raphaël Sorin, s'offusque des intentions prêtées à l'auteur, dont l'ouvrage "va bien au-delà de la question du tourisme sexuel" : si le roman de Houellbecq dérange, c'est bien parce qu'il "porte un regard sur le monde légèrement aggravé". Il présente "une vision drolatique et terrifiante du néocolonialisme pornographique pas agréable à regarder. Ça ne va pas dire qu'il aime ça", assure l'éditeur, très remonté contre les propos de Philippe Gloaguen, "qui se ridiculise en employant des méthodes de délation détestables". Avant même d'être mis en vente, Plateforme a déjà été réédité trois fois, précise-t-il, le tirage atteignant désormais 130 000 exemplaires.

Salué ou décrié, le roman, qui n'évoque pas directement la prostitution des mineurs de moins de quinze ans, n'en constitue pas moins un témoignage sur le tourisme sexuel en Asie du Sud-Est ou à Cuba, une pratique sévèrement sanctionnée mais qui reste difficile à réprimer. Le 4 février 1994, la France s'est dotée pour la première fois d'une législation lui permettant de poursuivre devant ses tribunaux ses ressortissants auteurs d'abus sexuels commis à l'étranger contre des mineurs de moins de quinze ans, mais "à la condition que le délit soit également réprimé ou dénoncé par le pays en cause", précise une magistrate à la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la justice.

Adoptée après le premier Congrès mondial sur l'exploitation sexuelle des enfants, qui s'est tenu à Stockholm en 1996, la loi du 17 juin 1998, plus ambitieuse, a étendu les poursuites à l'ensemble des crimes et délits sexuels commis contre des mineurs par des Français à l'étranger, même si les faits ne sont pas punis par la législation du pays où ils ont été commis. Elle a également allongé le délai de prescription de l'action publique à l'âge de la majorité de la victime, et prévu la responsabilité pénale des personnes morales, comme les agences de voyages ou les tour-opérators. Malgré la solidité de cet arsenal juridique, l'application de la loi souffre encore de deux handicaps, déplore la chancellerie : "la tolérance des pouvoirs publics de certains pays", où le tourisme sexuel constitue une source très importante de devises étrangères, et "la difficulté de rassembler et de produire des preuves".

Depuis la loi de février 1994, seules deux affaires ont ainsi fait l'objet de poursuites pénales en France. Le 29 octobre 1997, sept pédophiles étaient condamnés par le tribunal correctionnel de Draguignan (Var) à des peines allant de cinq à quinze années de prison, six d'entre eux ayant abusé de deux adolescents roumains. Les actes de ces "prédateurs sexuels, chasseurs d'enfants", tels que les avait qualifiés le procureur, avaient été photographiés et filmés, certaines cassettes vidéo avaient été retrouvées en possession des membres du réseau montrant des actes de barbarie ou de tortures sur enfants.

C'est encore une cassette vidéo qui a permis de poursuivre Amnon Chemouil, condamné en octobre 2000 par la cour d'assises de Paris à sept ans d'emprisonnement et 50 000 francs d'amende (Le Monde du 23 octobre 2000). L'employé a été reconnu coupable d'avoir payé une fellation pratiquée par une fillette de onze ans en Thaïlande en 1994. Lors de l'audience, l'accusé avait adressé quelques mots à sa victime, qui était présente au procès. Elle avait été retrouvée par la police thaïlandaise et prise en charge par l'Unicef. "Je suis le seul responsable, avait soupiré M. Chemouil. Je l'ai violée et j'espère lui rendre par ces mots le petit apaisement qui pourrait lui faire retrouver l'enfance que je lui ai volée." S'interrogeant sur l'utilité de la peine, son avocat avait estimé que le tourisme sexuel avait moins besoin de verdicts exemplaires que de campagnes de sensibilisation efficaces. La procureur n'avait pas manqué de stigmatiser "la carence et l'immobilisme d'un régime policier" en Thaïlande.

Une troisième affaire importante sera bientôt jugée par la cour d'assises de Melun (Seine-et-Marne). Elle concerne le démantèlement d'un réseau de treize personnes accusées d'avoir abusé de mineurs en France, au Maghreb et en Roumanie.

A. Ga.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 26.08.01

 

Houellebecq et l'Occident

 

Même si la polémique engagée autour de "Plateforme" s'est focalisée sur le tourisme sexuel, ce n'est en rien le sujet principal de ce roman féroce qui, autour d'un amour imprévu, nous balade entre ennui, plaisirs frelatés, Occidentaux accablés et intégristes de toutes sortes.

PLATEFORME de Michel Houellebecq. Flammarion, 370 p., 20 € (131,20 F).

Si vous aimez la littérature, il serait sage de ne pas écouter ceux qui disent : "Michel Houellebecq pense que..." Car Plateforme n'est pas un essai sur le tourisme sexuel (lire nos informations dans Le Monde daté 26-27 août), ni un texte de propagande en faveur de cette pratique, ni un réquisitoire contre elle. C'est un roman. On s'est beaucoup offusqué, en Occident, en 1989, de voir les intégristes musulmans refuser de comprendre que Les Versets sataniques de Salman Rushdie étaient une fiction, et voilà qu'avec des conséquences moins dramatiques heureusement, certains, aujourd'hui, en France, font la même chose. Plateforme (drôle de titre, mais Houellebecq avoue sa fascination pour la trouvaille de Faulkner, Pylône) est pourtant bien un roman, excellent, dont le sujet n'est pas principalement le tourisme sexuel, mais, sur fond d'"état des mœurs en Occident au début du XXIe siècle", l'éternelle affaire des relations complexes entre les hommes et les femmes, de leur perpétuel malentendu, annulé, comme cela arrive parfois dans une vie, par une vraie rencontre, une sorte de miracle ou de révolution intime, une histoire d'amour. Inattendue, mystérieuse, évidente, comme elles le sont toutes.

Le seul ennui est que Houellebecq ne fait pas dans le "troubadourisme". En très bon romancier, il regarde la société. Il ne cherche pas à la juger, mais à la décrire, avec un humour terriblement noir. Alors, l'image n'est pas forcément plaisante pour tous ceux qui préfèrent "ne pas savoir". "Je ne hais personne, précise Michel Houellebecq. Je suis dans une forme d'éloignement, de distance. C'est la position normale de l'écrivain. Je sais qu'il y a une demande pour que je condamne ce que je décris, notamment le tourisme sexuel. Je n'ai aucun jugement négatif. Ni sur tel ou tel comportement, ni sur l'homme en général. Dans le pire des cas, je suis compassionnel."

En outre, son narrateur, célibataire assez léthargique, vivant "dans un pays marqué par un socialisme apaisé", fonctionnaire au ministère de la culture, n'est pas vraiment fait pour avoir une existence heureuse et vivre un bel amour. Mais plutôt, en effet, pour les voyages organisés où se conjuguent des solitudes, et où, si l'on choisit comme destination la Thaïlande, on se prépare à l'amour tarifé. Il est donc très facile de prévoir que tout se terminera très mal. Cependant, il faut d'abord s'attarder du côté de ce narrateur. Il se prénomme Michel, il a la quarantaine, mais ce n'est pas Michel Houellebecq, contrairement à ce qu'on entend dans la bouche de ses adversaires, comme si les millions de paroles prononcées pour expliquer que le narrateur de la Recherche n'est pas Marcel Proust n'avaient servi à rien. "Le choix du "je" ou du "il" était ma seule vraie hésitation en commençant ce livre, explique Michel Houellebecq. J'ai su que je voulais le "je" en décrivant, dès les premières lignes, le personnage. "Je ne me suis pas marié", dit-il, et il précise qu'il s'est toujours "retenu d'acheter un animal domestique". Moi, je suis marié et, justement, j'envisageais d'acheter un animal domestique, ce que j'ai fait. Alors j'ai choisi d'écrire au "je". Le "je" est vraiment flexible, on peut avec lui exprimer aussi, au mieux, ce qu'on voudrait ne pas être."

La polémique déclenchée par son précédent roman, Les Particules élémentaires (Flammarion, 1998), comme celle qui commence à propos de Plateforme, ne suscitent chez lui qu'un ennui poli : "J'aimerais que ce que je pense, moi, personnellement, n'ait aucune importance

C'est le sens de l'époque qui cherche à m'entraîner dans la polémique. Moi, je crois que j'écris bien et c'est ma vraie fierté. Cela dit, il semble que j'aie une espèce de flair de cochon pour déceler ce qui va faire mal à la société autour de moi." Et pour le dire, avec netteté, et un sens très sûr de la composition d'un roman. "Oui, j'ai beaucoup pensé à la construction, je voulais tenter d'écrire un texte qui se lise d'une seule traite." Ce qui a été fait.

Est-ce cette capacité à révéler ce qui dérange qui a incité Michel Houellebecq à s'installer dans une toute petite île (200 habitants), au sud-ouest d'une île qui est elle-même à l'extrême ouest de l'Europe, autrement dit en Irlande ? "Non, j'ai toujours eu un rêve d'Irlande, où je suis venu souvent, répond-il, mais je n'avais pas d'argent. Grâce aux Particules élémentaires, j'en ai eu un peu. J'ai d'abord habité Dublin, puis depuis novembre 2000, je suis ici, à Bere Island."

Tous ceux qui se font une idée simpliste de ce romancier - il serait un provocateur gratuit, un crypto fasciste ou un stalinien masqué (on a entendu tout et son contraire), un "petit Blanc" déguisé en écrivain à succès - devraient peut-être visiter ce magnifique coin d'Irlande, du côté de la baie de Bantry (prendre l'avion jusqu'à Cork, une voiture puis le ferry), pour comprendre que Michel Houellebecq ne peut être réduit à ces clichés. Il est déconseillé de prendre d'assaut sa maison blanche et rouge - il l'a baptisée The White House -, bien que ce soit l'ancien bed and breakfast de l'île et que les numéros soient restés sur les portes des chambres. Le lieu est rude, les hivers sont sans doute assez longs et les tempêtes fréquentes, pourtant il est très apaisant de rendre visite à ce drôle d'homme qui parle peu, mais joue volontiers, en compagnie de son épouse Marie-Pierre, avec leur jeune chien, un corgi affectueux.

S'il fallait un seul mot pour désigner Michel Houellebecq, ce serait sûrement "placidité", et cela le rend insupportable à certains car cette placidité est présente dans sa manière de décrire la société, de regarder "au milieu du monde" - expression figurant sur la couverture du livre, au-dessus du titre. "Äu milieu du monde", c'est une sorte de série, que j'ai commencée avec Lanzarote (1). J'ai d'ailleurs écrit ce texte sur Lanzarote en Thaïlande en 1999. Je pensais faire un livre par pays. Mais la Thaïlande demandait de plus amples développements. J'ai d'abord envisagé un roman très ambitieux, avec des personnages thaïs, uniquement. J'ai même tenté d'apprendre la langue, mais je crois que c'est assez difficile et je ne suis absolument pas doué. Puis j'ai lu quelque part que le tourisme devenait la première activité économique mondiale et ça a cristallisé quelque chose. Mais ensuite, au fur et à mesure qu'on avance dans le récit, les perspectives se modifient, des personnages qu'on voyait comme secondaires prennent de l'importance. C'est le cas de Valérie dans Plateforme, qui, au départ, n'était qu'une silhouette dans une galerie de portraits, lors du voyage du narrateur en Thaïlande, puisque celui-ci ne devait s'engager avec personne, ne jamais s'impliquer. Et finalement elle devient une héroïne aussi importante que lui."

Avec Valérie, qui mène une belle carrière, d'abord à Nouvelles Frontières, puis dans un groupe hôtelier mondial, mais "n'aime pas ce monde dans lequel on vit", le Michel de Plateforme va, certes, réaliser des "Eldoradors Aphrodite"- le nom parle de lui-même -, mais surtout découvrir... la lune, à savoir qu'"il y a la sexualité des gens qui s'aiment et la sexualité des gens qui ne s'aiment pas. Quand il n'y a plus de possibilité d'identification à l'autre, la seule modalité qui demeure, c'est la souffrance - et la cruauté". Il est très paradoxal, si l'on a lu Plateforme, d'appeler les femmes à se mobiliser contre Michel Houellebecq, comme l'a fait Philippe Gloaguen, du Guide du routard, offusqué des propos tenus sur son guide dans le roman (Le Monde du 22 août). Valérie est en effet une figure entièrement positive, pour laquelle le narrateur éprouve amour et estime. En revanche, on chercherait en vain un homme à admirer. Les femmes occidentales sont décrites comme demeurant "très attachées à la séduction" et affrontées à des hommes qui "au fond s'en foutent de séduire" et "veulent surtout baiser". Pour "baiser", payer est plus facile que séduire. Selon le narrateur de Plateforme, le "deuxième sexe" devrait progressivement être gagné par cette tentation : "A mesure que les femmes s'attacheront davantage à leur vie professionnelle, à leurs projets personnels, elles trouveront plus simple, elles aussi, de payer pour baiser." Mais ce Michel-là est assez ignorant en psychologie féminine, sa stupeur en découvrant qu'il peut vivre heureux avec Valérie le prouve. Il est sidéré de constater qu'elle ne pique jamais "de ces crises nerveuses imprévisibles qui rendent parfois le commerce des femmes si étouffant, si pathétique". Sa découverte de femmes dépourvues de toute hystérie est comme une révélation...

Belle romance, qui finit tragiquement dans un attentat islamiste. Valérie est tuée et le narrateur, rapatrié en France, va revenir en Thaïlande pour y disparaître. "Rien ne survivra de moi et je ne mérite pas que rien me survive ; j'aurai été un individu médiocre, sous tous ses aspects (...) On m'oubliera. On m'oubliera vite." Evidemment, pour le happy end, il faudra repasser un autre jour. Quand on lit cette phrase, on est à la dernière page d'un excellent roman, féroce, qui, autour d'un amour imprévu et menacé, nous a baladés, entre ennui, misère sexuelle, plaisirs frelatés, voyages calibrés, Occidentaux accablés et intégristes de toutes sortes. Un concentré de début de XXIe siècle, un nouveau "voyage au bout de la nuit", plutôt sinistre, raconté avec une lucidité cruelle. Mais passionnant, sauf à souhaiter, en voulant ne rien voir, vivre de slogans et de préjugés sur le bien et le mal.

(1) Flammarion, 2000.

Josyane Savigneau

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 31.08.01

 

Les propos de Michel Houellebecq sur l'islam suscitent l'indignation

"La religion la plus con, c'est quand même l'islam. Quand on lit le Coran on est effondré", déclare l'auteur de "Plateforme" au mensuel "Lire"

Michel Houellebecq , dont le dernier roman, Plateforme, décrit avec une ironie cruelle certains aspects de la société contemporaine, semble décidé, si l'on en juge par ses déclarations au magazine Lire, à tenir, hors fiction, le rôle du provocateur incontrôlable. Il s'en est défendu pourtant dans "Le Monde des livres" du 31 août : "J'aimerais que ce que je pense, moi, personnellement, n'ait aucune importance. C'est le sens de l'époque qui cherche à m'entraîner dans la polémique." Cette phrase, et les propos mesurés qu'il a tenus au Monde sur les attaques dont son livre est l'objet - apologie du tourisme sexuel, racisme - ne l'ont pas empêché "buvant comme un trou", précise Lire, de tenir à ce journal, "paisiblement, des propos scandaleux", en particulier contre "les monothéismes", dont l'islam.

"J'ai eu une espèce de révélation négative dans le Sinaï, là où Moïse a reçu les Dix Commandements, déclare-t-il. Subitement, j'ai éprouvé un rejet total pour les monothéismes (...). Et la religion la plus con, c'est quand même l'islam.

Quand on lit le Coran, on est effondré... effondré." A la question portant sur le personnage de son roman, qui, après la mort de sa compagne dans un attentat islamiste, affirme éprouver "un tressaillement d'enthousiasme" quand "un terroriste palestinien" est tué, ou "un enfant palestinien", Houellebecq précise : "La vengeance est un sentiment que je n'ai jamais eu l'occasion d'éprouver. Mais dans la situation où il se trouve, il est normal que Michel ait envie qu'on tue le plus de musulmans possibles... Oui... oui, ça existe, la vengeance."

"AU-DELÀ DE LA PROVOCATION"

Dans son éditorial, le directeur de la rédaction de Lire, Pierre Assouline, évoque "l'humour" de certaines des provocations de Houellebecq - "qui oserait le prendre au mot quand il se prétend pétainiste ?" -, mais se dit certain de "son aversion pour les Arabes et les musulmans". "Dans ces moments-là, quand il est tout à sa haine des Arabes, il se situe dans un au-delà de la provocation littéraire. Nul besoin d'être psychanalyste pour décrypter son attitude (...) : sa mère, qui l'a abandonné dès son jeune âge, s'est convertie à l'islam..."

Cet entretien a suscité l'indignation. Le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, souligne que "des propos incitant à la haine raciale et religieuse sont passibles des tribunaux". Si, en matière de paroles intolérables, Houellebecq a de glorieux aînés parmi les artistes, de Serge Gainsbourg à Jean Genet ou Coluche, pour ne pas remonter trop loin dans le passé, "les poursuites sont aujourd'hui plus aisées puisque des groupes privés peuvent les exercer", souligne Me Emmanuel Pierrat, spécialiste du droit de la presse et de l'édition. "En quelques années,ajoute-t-il, la censure s'est privatisée. Il me semble qu'on ne devrait pas demander au juge d'intervenir pour sanctionner une opinion qu'on désapprouve."En cas de poursuites, les peines encourues pour "provocation à la haine à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur religion" peuvent atteindre un an d'emprisonnement ferme.

Josyane Savigneau

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 02.09.01

 

Michel Houellebecq "dément être raciste"

 

Michel Houellebecq, l'auteur du roman Plateforme, "dément être raciste", dans un court texte envoyé mercredi 5 septembre à l'AFP par son éditeur Flammarion. " Je démens être raciste, n'ai jamais fait l'amalgame entre Arabes et Musulmans, et m'indigne que certains journalistes le fassent en déformant des propos absolument non vérifiés. En faisant volontairement une confusion entre ce que disent mes personnages de roman et des propos attribués à l'auteur, ils sont complices d'une grave désinformation", écrit-il. 

L'écrivain fait cette mise au point après l'indignation soulevée dans la communauté musulmane par certains de ses propos, notamment dans un entretien donné au mensuel Lire, paru en septembre. Dans cet entretien, Michel Houellebecq a affirmé avoir "subitement éprouvé un rejet total pour les monothéismes". "Et la religion la plus con, c'est quand même l'islam," a-t-il ajouté. M. Houellebecq justifiait des propos du héros de Plateforme, qui avouait avoir "des tressaillements d'enthousiasme" à l'annonce de la mort de terroristes palestiniens, d'enfants palestiniens ou de femmes enceintes palestiniennes.

 

L'Organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture (Isesco) a condamné, lundi 3 septembre, les propos de l'écrivain français Michel Houellebecq contre l'islam, qu'elle a qualifiés de "haineux". "Les propos de Michel Houellebecq portent atteinte aux musulmans partout  dans le monde. Ce sont des insultes contre le plus important des piliers de  l'identité culturelle et civilisationnelle de la nation islamique", a notamment souligné le directeur de l'Isesco, Abdelaziz Ben Othmane Twaijri, dans une  lettre à Kochiro Matsura, directeur de l'Unesco."Je vous prie de prendre les mesures appropriées pour dénoncer les propos de l'écrivain Michel Houellebecq et condamner cette agression haineuse, contraire aux buts poursuivis par l'Unesco", a notamment écrit M. Twaijri à l'adresse de M. Matsura.

Le journal marocain Libération a lui aussi critiqué, lundi, avec virulence les propos de Michel Houellebecq. "Faut-il haïr ce personnage? Non, il faut mépriser ce qu'il dit et combattre la haine qu'il prône", écrit ce quotidien socialiste.

Le représentant de la Ligue arabe en France a également condamné, mardi, les propos contre l'islam de Houellebecq  et dénoncé l'indifférence de la société française face à ce qu'il considère comme une résurgence du racisme. M. Nassif Hitti, directeur de la Mission de la Ligue des Etats arabes à Paris, commentait des insultes contre le Coran proférées dans un entretien avec Michel Houellebecq, dont le dernier roman, Plateforme, vient de sortir. "La publication des propos abjects de M. Michel Houellebecq sur l'islam, les Arabes et les Palestiniens suscite une indignation légitime, notamment chez les responsables et les associations des musulmans de France", écrit M. Hitti dans un communiqué. Celui-ci déplore le peu de réactions en France face à ces propos. "Nous craignons que cette indifférence ne procède d'une banalisation du racisme anti-arabe et anti-musulman en France, tout à fait regrettable."

Avec AFP

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 05.09.01

 

LIBÉRATION

Le guide du biroutard


Pléthore de formes rebondies dans «Plateforme» où Michel Houellebecq invite ses lecteurs au tourisme sexuel.

 

PAR JEAN-BAPTISTE HARANG, le 23/8/2001

Michel Houellebecq écrit des livres, ce sont parfois des romans, rarement des disques. Il a le sens de la carrière, laisse entendre qu'il est poète, comprend assez vite que réussir en littérature consiste à être plus connu que ses livres, trouve pour la télévision un rôle disponible à sa mesure, celui du hamster narquois et désabusé, fume de fines cigarettes qu'il tient entre le majeur et l'annulaire, répond à toutes les questions, souvent par des silences, travaille une voix parlée monocorde et monotone avec laquelle il croit qu'il chante, il regarde ailleurs, droit dans les yeux de quelqu'un d'autre. Son premier roman, Extension du domaine de la lutte, publié chez Maurice Nadeau en 1994, légitime son écriture, il a le sens du titre, puis Flammarion lui apprend à vendre des livres, des livres plutôt meilleurs que ceux que l'on achète habituellement: chacun d'eux s'inscrit dans une querelle d'école qui divise le monde de la littérature entre anciens et modernes, les Particules élémentaires en 1998 l'opposent jusque devant les tribunaux à la direction d'un camping de province et celui-ci, Plateforme, promet une polémique retentissante avec le Guide du Routard. Que les gérants de station-service et les éditeurs d'annuaires téléphoniques se tiennent à carreau, on sait choisir ses adversaires. On ne comprend pas bien pourquoi il a tant de succès, on a le vague sentiment qu'il le mérite, des écrivains meilleurs que lui le portent aux nues, pour se venger. Michel Houellebecq est un bon professionnel, il a bien raison d'écrire des livres, c'est ce qu'il fait de mieux, il a le sens de la rime et chaque nouveau Houellebecq vient nous clouer le bec.

Dans Plateforme, on a beau chercher, on ne voit pas bien ce qui justifie ce titre, c'est tout Houellebecq, ça. Surtout que peu de formes y sont plates, ni celle de l'auteur qui est au meilleur de la sienne, ni celles des héroïnes, moulées à la louche, ni celle du héros, un certain Michel de 40 ans, qui a la bandaison facile. Houellebecq raconte bien, simplement, dans l'ordre chronologique, il est très fort dans les détails où le Diable se loge plus souvent que le bon Dieu. Il n'emploie pas (ou peu, acmé, page 108) de mots rares, les phrases ne dépassent pas les trois lignes, il écrit au principal, avec peu de subordonnées. On traverse à la rame de longs dialogues qui font ventre, on enjambe joyeusement de répétitives et contagieuses scènes de cul qui font vendre, elles émaillent le récit à un rythme assez savant pour coiffer chaque fois (de justesse) l'ennui sur le poteau (si on aime ça, mais on aime ça). Rien dans le livre ne vient justifier les procès d'intention que lui font ceux qui ne le lisent pas (excepté, bien entendu, l'intention du succès). Pas le moindre propos raciste ou sexiste. Bien sûr, on y croise plusieurs races, plusieurs sexes, plusieurs âges, et plusieurs personnages émettent des idées, des réflexions souvent irréfléchies sur les différences et les ressemblances entre les gens. Pas plus qu'on puisse y lire un plaidoyer, voire une thèse, en faveur du tourisme sexuel des riches chez les pauvres: il suffit de voir comment tout cela finit mal quand on sait que tout est mal qui finit mal. Ou être assez bête pour confondre le cynisme passif du personnage d'un roman et la nonchalance de son auteur. Non, Houellebecq raconte une histoire, toute bête, l'histoire d'un type qui nous ressemble (vous, je ne sais pas, mais moi, oui, un peu), et ce type qui nous ressemble s'assemble à une femme qui vous ressemble (si, si, ne protestez pas), bref, une histoire d'amour, une de ces histoires d'amour qui, comme vous le savez, finissent mal en général, et ici en particulier.

Pour qu'un roman fonctionne, il faut bien que quelque chose ressemble, il faut des gens, des décors, du temps qui passe, des rebondissements. Ce n'est pas ce qui manque. Ici, le garçon, Michel, le narrateur, est fonctionnaire au ministère de la Culture, il est chargé des budgets consacrés aux expositions d'arts plastiques (plus tard dans le livre, il tirera gloire de ne rien connaître à la gestion), la fille, Valérie, travaille à Nouvelles Frontières, puis obtient un plus gros poste chez un concurrent plus ambitieux (le groupe Aurore). Parenthèse: dans le livre, les personnages principaux exceptés, les noms propres qui tissent le décor sont réels, Jospin, Chirac, Françoise Giroud, avec une tendresse particulière pour Julien Lepers, une volée de bois vert pour Jacques Maillot qui ne l'a pas volée, une erreur de prénom pour l'éditorialiste de Libération, mais la vérité est au fond du puits, ces évocations de figures de notre actualité, prêtées impunément à des personnages de fiction est assez habile (et drôle) surtout si l'on aime les procédures. Fin de la parenthèse. Michel vient de perdre son père, un deuil sans chagrin, un héritage bien venu, il achète un voyage en Thaïlande, le raconte en douze chapitres, on en retient des notations plutôt bien vues, des portraits de femmes qu'un misogyne serait bien en peine de brosser et des portraits d'hommes dressés par l'un d'eux qui sait de quoi il parle. Dans les rues derrière, il y a des salons de massage où de jeunes femmes thaïes travaillent avec vaillance dans le commerce du sexe. Les seize chapitres suivants racontent une aventure industrielle, il y a des gens que ça intéresse, on pouvait faire plus court.

Entre les deux, Michel est rentré à Paris, il retrouve Valérie qui était du voyage mais qu'il n'avait pas baisée, il ne leur faut guère de jours pour rattraper le temps perdu, ils s'aiment et se le prouvent sans désemparer à couilles rabattues, chattemouilles, pipe en bois, et plus si affinités. Si tout va bien, ils ne devraient plus se quitter (mais nous avons déjà vendu la fin). Bref, Valérie est embarquée dans une histoire d'industrie du tourisme qui la conduit avec son chef Jean-Yves (à découvrir soi-même à la lecture) à transformer des Clubs de vacances poussifs en Clubs de vacances lascives. Ils se rendent à Cuba visiter un village qui s'en va en quenouille, dans les rues de derrière de jeunes femmes travaillent avec vaillance dans le sexe cuivré. Il leur faut rentabiliser tout ça. Y parviendront-ils? Réussiront-ils leur soirée échangiste avec un couple antillais? Jean-Yves sucera-t-il la baby-sitter? Les intégristes de l'Islam toléreront-ils ces maisons de plaisirs en terre d'Islam? Lirez-vous cette Plateforme jusqu'au bout?

On parie que oui, elle en vaut la peine et se parcourt sans peine, littérature de gare, romans d'aéroport, ces livres savent vous conduire à destination. Houellebecq s'y amuse autant que nous, il acceptera sans broncher qu'on en bâcle la lecture comme il en a ficelé l'écriture, l'homme a l'œil rieur, son sens du dérisoire est évident: il préférera sans doute nos sourires amusés aux grosses voix qui s'élèvent, pour l'encenser ou le condamner, à chaque fois qu'elles découvrent dans son texte les petits pétards mouillés que sa malice y cache et qui parfois explosent à sa propre figure.

 

                             

Books: The Great Provocateur

Houellebecq’s latest novel has critics up in arms

Sept. 10 issue — The go-go bars and whore-houses of Patong Beach are filled with a swarm of hulking, white-skinned Westerners. Moving through the crowds, Americans, Swedes and Australians grope the throngs—and thongs—of Thai prostitutes. Strolling along the makeshift boardwalk, Michel, a lonely and frustrated French bureaucrat on a package tour, takes in the scene. It is at that moment, writes Michel Houellebecq in his new novel, “Plateforme,” surrounded by these lust-seekers, “irreproachable and full of life,” that his protagonist’s dark vision hits: sexual tourism is “the future of the world.”

SCENES LIKE THESE have turned Houellebecq, 43, into the most talked-about literary sensation France has seen in 30 years. By turns furiously cynical, bitterly hopeless and, at times, surprisingly idealistic, Houellebecq’s provocateur style has seized millions of readers. After the publication of his second novel, “The Elementary Particles,” in 1998, Houellebecq was labeled a fascist and a misogynist—or simply a bad writer—by some French critics, a visionary by others. A tale of sexual misery, cloning and family tragedy, “Particles” was a searing condemnation of Western consumer society. It was a hit. “Particles” sold 350,000 copies in France and was translated into 25 languages. “Plateforme,” his third novel, appeared in French bookstores last week, and the uncomfortable questions Houellebecq raises are already causing a stir.
       The world in “Plateforme” is indeed grim—a gloomy marketplace where sex and steel are bought and sold with equal amounts of sang-froid. Houellebecq’s penchant for ranting against the modern world is undiminished. Raised by his communist grandmother, the writer was apparently influenced by some of her politics. As Thailand’s steel industry falls apart, unable to compete in the world market, millions of women turn to prostitution. It’s Europe’s multinational tour companies that cash in. If thousands of eligible Western men come to Thailand to find pleasure—or often partners—writes Houellebecq, it’s because they feel inadequate in their own societies. Love has disappeared from the West, replaced by an overwhelming consumerism that emphasizes, above all else, the return on your investment. Globalization has spread that ethos to the farthest corners of the earth, writes Houellebecq, destroying our capacity to enjoy meaningful sex, or even each other. The resulting world, filled with desperate and emotionally vapid sexual tourists, couldn’t be a scarier place. Thai prostitutes want nothing more than to settle into a comfortable relationship with a “boring” Westerner, Houellebecq writes: “It’s a perfect exchange.”
        Houellebecq has already been taken to task by over-reaching critics who claim that he’s advocating sexual slavery. Philippe Gloaguen, founder of the well-known Routard guidebooks that Houellebecq virulently attacks in “Plateforme” for “Protestant” moralizing, denounced the book as “degrading.” ”[I] am proud to be against prostitution in Thailand,” said Gloaguen. But Houellebecq doesn’t seem to be for it. Loveless men who spend their free time playing solitaire and going to peep shows are the emotional victims of modern existence, he writes.

        More criticism is sure to follow in the coming weeks as the author hits the European talk-show circuit to promote his book. Besides capitalists, Houellebecq takes to task Muslims for terrorism, ecologists for promoting eco-tourism and hippies for being just plain irresponsible (Houellebecq’s hippie parents divorced when he was little). But it’s his repeated attacks on unbridled capitalism that may explain why his books have found an audience. Despite his one-sided ravings and dubious economics—Houellebecq has admitted the economy is a “mystery”—there are kernels of truth to the world he creates. And his drolly mocking style can be bitingly funny. His rendering of the psychology of tourist groups is something any French person can relate to. When one Frenchwoman on the group tour in Thailand berates her dinner companion for wanting to drink French wine instead of the “local” drink, the absurdity is acute. But for all of Houellebecq’s cynicism, “Plateforme” has revealed him to be a hopeless romantic, too. When Michel meets Valerie, a sensual and intelligent young Frenchwoman who works for a leading tour company, the book’s early despair is replaced, at last, by love. But not for long. After the couple hatches a plan to create a global network of sex clubs, fundamentalist Muslims bomb their pilot resort in Thailand, killing 177. The love affair and the business plan unravel.

   It’s tough to pull off a novel about the supposed evils of multinational companies without sounding quaint or naive. But Houellebecq is neither. The world his narrator inhabits is recognizable. Peering into the boardroom meetings of business leaders, Houellebecq watches as they cynically divide up the world and share it among themselves with stock options. But, even for Houellebecq, globalization can’t be all bad. After all, it’s helped him sell his arguments against it to the world.

 

By Scott Johnson               

NEWSWEEK INTERNATIONAL                 

 

Guardian

Houellebecq in row over sex tourism book

French stirred by Michel Houellebecq's latest novel

Stuart Jeffries in Paris
Guardian

Thursday August 23, 2001

The first scandal of France's new literary season broke out yesterday when the enfant terrible of French letters, Michel Houellebecq, was accused of writing a novel which celebrates third-world prostitution.

His lurid new book, Plateforme, which will be published today, features a semi-autobiographical hero called Michel as a sex tourist wandering Thailand in search of fresh experiences to stimulate his demanding sexual appetite.

Houellebecq was accused by a publisher called Philippe Gloaguen of "writing disgraceful muck against the dignity of women".

Mr Gloaguen is the founder of Guide Routard travel books, which are akin to the Rough Guide series, and he was stung by an attack on the Guide Routard for Thailand in Houellebecq's novel.

Houellebecq's novel is aimed at showing that people in the west have forgotten how to love. As a result of this sexual incapacity, he claims, the sex tourism industry was born, supported by "millions of individuals who have nothing to sell but their bodies".

At one point in Plateforme, Michel says: "It's simple, really simple to understand: this is a situation of ideal exchange."

Another western character celebrates the delights of the town of Pattaya. "Over there everybody gets what they want, there's something for everybody's tastes: homosexuals, heterosexuals, transvestites ... It's Sodom and Gomorrah rolled into one. In fact, it's even better because there are lesbians too.

"In Thailand, everyone can have what they desire and everybody can have something good. People will tell you about Brazilian women or Cuban girls. I've travelled a lot for pleasure and I wouldn't hesitate to tell you: Thai girls are the best lovers in the world."

Le Monde, which published a page-length extract from Plateforme yesterday, said the novel "underlines in Houellebecq's cold and distanced style the moral cynicism which serves to enrich people without scruples".

This defence did not wash with Mr Gloaguen, who is furious that the novel describes the writers of his books as "humanitarian Protestant jerks". He said that his guide was "proud to be against prostitution in Thailand".

Houellebecq, 43, who lives in the Irish Republic, is a past master at causing literary scandals during "la rentrée", the period when the French, returning from their holidays, are confronted by the year's most enticing literary products.

Three years ago his novel Particulés Elementaires (published in English as Atomised), shot up the bestseller charts while provoking outrage by its depiction of homophobia, racism and misogyny, and scenes of voyeuristic sex and violence.

Paris is still recovering from its last literary scandal, involv ing the sexual memoirs of an editor of a fine arts magazine, published in spring.

La Vie Sexuelle de Catherine M describes how the author, Catherine Millet, routinely had orgiastic sex with strangers with her husband's consent.

 

 

WEDNESDAY AUGUST 29 2001

Diary

THE new star of the French novel, Michel Houellebecq, is already in trouble over his latest book, Plateforme, published last week by Flammarion in France. It is an attack on sexual tourism, in which he argues, with Swiftian irony, that the Western incapacity to love, and the fact that millions of people in the East have nothing to sell but their bodies, make for “an ideal exchange”. But he throws in a condemnation of the Routard guide to Thailand, and the founder-director of the guides, Philippe Gloaguen, is almost apoplectic with rage about it.

 

Gaulish horrors

Prospect Magazine December 2001

 

He showers abuse on French soixante-huitards, the sexless British and all Muslims. Nevertheless, says Tim King, Michel Houellebecq is the only important French novelist

Tim King

 

 "When i was in Sinai-the place where Moses received the Ten Commandments-I had a sort of negative revelation: to believe in one God you have to be a cretin. That is the only word for it. And the most crass religion is Islam. When you read the Koran you are appalled, simply appalled."

Thus spake Michel Houellebecq, France's most successful and controversial literary figure.

In the three months following publication, his latest novel Plateforme has sold 300,000 copies, of which the fuss caused by the interview quoted above has probably contributed 60,000.

Plateforme came out in August. The literary magazine Lire published the interview to coincide with it. The four main Islamic groups in France issued a joint injunction on the grounds that Houellebecq was inciting racial hatred. The New York Times published an account of the interview on the morning of 11th September. "Of course my character wants to kill as many Muslims as he can," Houellebecq had said. "Vengeance exists. Islam is a dangerous religion."

Nutter? Prophet? Whichever, Houellebecq (pronounced, conveniently for English speakers, Welbeck) is no stranger to outrage. When Atomised was published in 1998, there was a serious attempt, only quashed by a judge's ruling, to have all copies burned. "Mongol alcoholic," is the way the editor of Lire describes Houellebecq, despite having championed him since his first novel slipped out unnoticed in 1994. "I regret Mongol," he told me. "What I meant was that, like a child with Down's syndrome, Houellebecq cannot be allowed out on his own." Insults fly freely and in all directions; it seems Houellebecq was not born with that inhibitor which prevents most of us saying what we think. In Plateforme, Frederick Forsyth is singled out as the author of "shitty (merdique) Anglo-Saxon bestsellers full of praise for Margaret Thatcher." According to Houellebecq, Anglo-Saxons "eat too much, drink too much beer, get far too fat; most will die young. I used to think sex tourism [the subject of his new novel] was about Germans-old and fat. But what I saw were loads of young Anglo-Saxons. The penny dropped when I realised for the Anglo-Saxon (male), sex is something for his holidays. The rest of the year he works a lot-he doesn't have time-and anyway it's far too difficult with the Anglo-Saxonne (female): they are so shitty and so complicated (tellement chiantes et tellement compliquées)." Houellebecq prefers Germans. Arabs are benign sex tourists because, by definition, they cannot be good Muslims. But the worst are the Chinese, "recognisable from the Thais because they're so filthy-they eat like animals, laugh loudly scattering bits of food all around them, blow their noses with their fingers-they behave exactly the same as pigs. Let's not beat about the bush-they are pigs."

But Houellebecq's detractors say his politically incorrect rage is no more than a marketing ploy. Money from writing is tied to winning prizes. France's big literary prizes-the Medicis, the Femina and most important of all the Goncourt-are awarded around the end of October. Since the entire country closes down in August, any author wishing to be considered for a prize has to be published after the holidays but before mid-September. Since less than 1 per cent of books published during those three weeks will be opened by reviewers, what counts is getting talked about in cafés and courtrooms.

The Goncourt prize is awarded by a permanent jury of ten: the pillars of French literature. In 1998 Atomised, supported by the ancient and venerable President of the Academy Goncourt, François Nourissier, made it on to the first list. It was then thrown out by his nine younger colleagues, so it didn't make the second list. In the event, according to Le Monde, the winner's name was pulled from a hat. Houellebecq provided some suitably insulting comments about the winner, including unprintable remarks about cheques changing hands. Not winning merely improved Houellebecq's sales.

Now his status has changed: translated into 25 languages, he is cited as the spearhead of a new force (how long have we waited?) in the introspective world of French fiction. When the Goncourt's first list was published, Houellebecq was on it, despite his comments in Lire which by then were the subject of injunctions. But when the second list was published (after 11th September), Houellebecq's name had been removed; replaced by that of Alain Robbe-Grillet, who wasn't even on the first list. Scandal is too weak a word. It was a crisis in French letters. On 5th November the Goncourt winner was announced: Jean-Christophe Rufin's Rouge Brésil, by five votes to four. Where was the tenth vote? Mysteriously, it had gone to Houellebecq, even though he was no longer a candidate. As in 1998, he had been doggedly endorsed by Nourissier. To the other jurors, Houellebecq is a racist shit who should not even be published.

There is more to Houellebecq than posturing. His angry vision of the world is consistent: like any healthy adolescent (he is 43), he hates most things, but there is reason in his rage. His mother, a doctor on the French island of Réunion, neglected him for his first six years before packing him off to live with his maternal grandmother in France so that she could continue to explore the hedonism of the 1960s unimpeded. The child was put into one of those spine-chilling boarding schools portrayed by Vigo and Malle-and indeed by Houellebecq himself in Atomised.

He has never seen either parent since, although he did hear quite recently that his mother had converted to Islam: "every time I heard that a Palestinian child or pregnant mother had been killed in the Gaza strip I felt a surge of happiness-one Muslim less," says Michel, the protagonist of Plateforme. (All Houellebecq's principle characters, like him, are called Michel).

After school he was rejected for national service because of a morphine addiction. He spent time in various mental hospitals. ("The most interesting people I met were in asylums.") He began writing poetry, haphazardly, dashing off a few lines before each meeting of a local poetry society. Some were published. He got a job debugging computers in the National Assembly. He published a book about HP Lovecraft. His first collection of poems won the Tristan Tzara prize.

Given his mother's behaviour, it is not surprising he detests anything to do with the permissive society. He sees it as the first and worst example of cultural globalisation-which he also hates. In his second novel, Atomised, he makes a brutal study of the emotional desert created by 1960s "cultural revolutionaries," maintaining that their children are today's serial killers.

Atomised-about two half-brothers who know there is no point in looking for love, hope or meaning in a selfish, violent and hypocritical world-has touched a nerve among young British readers. In France it was more of a succès de scandale, because the cultural revolution of 1968 is sacrosanct. People living outside
France find it hard to understand that men and women marked out as the intelligentsia get so worked up about ideas that had their brief flowering 33 years ago. But it is popularly believed that if the country is now wealthy, healthy and culturally imposing, it is because of the reforms fought for during May 1968. The suicidal existentialism of Camus and Sartre is accepted because their novels describe life under the pre-1968 régime. If Houellebecq says life is even worse now, and his nihilism is lapped up by people too young to remember street-battles, tear-gas and relentless sit-ins, then of course all those decrepit soixante-huitards are going to roar collective defiance.

Lawsuits were brought against Atomised, principally by the owners of L'Espace du Possible, a campsite near Royan which began life as a left-wing free-love commune and evolved into a new-age hangout, complete with nude Gestalt-massage. English readers find those eight chapters of Atomised amusingly sexy (accurate, too, since Houellebecq has been a regular for the past 15 years). But the French left took serious issue with them and the court ordered the name and location of the campsite changed.

Certainly the world described by Houellebecq is a far cry from the gentle melancholy of that other traumatised child, François Truffaut-or the sanitised France now showing in Amélie. It may be that the French have problems confronting their immediate past: either it must be romanticised-the Resistance, 1968-or else studiously ignored. (François Nourissier himself has complained that few novels have dealt with the war in Algeria or multicultural France).

But Houellebecq has acquired notoriety primarily though his descriptions of sex. In the sex tourist world of Plateforme, the rich want exotic sex, uncomplicated by conversation; the poor want their money: the basis for a perfectly proper, if joyless, commercial exchange. Feminists take up arms on behalf of their sexploited sisters, Aids statistics are given their annual airing, carers bear witness to the lonely deaths of these sex slaves. Houellebecq replies simply, "it's not badly paid. In Thailand it's an honourable profession." He points to Holland and Germany, where prostitution is legal and controlled. In his novel, he repeatedly rubbishes the Guide Routard-an equivalent to the Rough Guide-for its prissy attitude to prostitution, calling its writers "Protestant humanitarian nerds." Out came the injunction, later dropped, although honour was satisfied when the founder of the Guide said Houellebecq was "writing disgraceful muck against the dignity of women." In the end, though, it is probably the joylessness of Houellebecq's vision of sex that has people at polite French dinner parties frothing.

His countrymen dislike him because he carries political incorrectness to new depths of vulgarity. More importantly, it is not done to make so much money from writing. To have left France-as Houellebecq has-is apostasy, but to have done so to avoid taxes is treason, especially for a former communist. Rage and insults continue to fly. His reaction? "It's made me start drinking again." This is a tragedy. He's one of only a handful of current French writers that other countries consider worth translating. His success with a new generation shows he has a vision of some kind. And when sober he is a good writer.

But maybe "Mongol alcoholic" is accurate. After the Lire interview his publisher cancelled all further interviews unless he could censor them, and packed his author off on the next plane home. This was seen as a Rushdie-like dash for cover in the face of Islamic retribution but in fact since he started making big money, Houellebecq has lived in Ireland, recently moving to Bere Island off Cork where there are more sheep than people. Since the epilogue of Atomised reveals that humanity ceased to exist circa 1968-kept going by cloning-sheep may be his best hope.

An English translation of "Plateforme" will be published by William Heinemann in late 2002

 

 

 

 

27 August 2001

 

Abgrund kalter Düsternis


Michel Houellebecqs neuer Roman "Plateforme" schildert die Abenteuer eines europäischen Sextouristen in der Dritten Welt - und ist in Frankreich schon jetzt die heftig umstrittene Sensation des Buchherbstes.



Alles kann im Leben passieren, vor allem: nichts. Michel - wie sein Verfasser - heißt die traurige Karikatur eines Helden mit Vornamen, und auch die anderen Ähnlichkeiten sind keineswegs zufällig. Michel ist ein farbloser Beamter im Pariser Kulturministerium, Anfang 40, beschäftigt mit der Berechnung von Subventionen für Ausstellungen moderner Kunst, ein Mann, in dem fast alles erloschen ist, in dem sich keine Leidenschaft mehr regt.

 

Bis auf eine - die Faszination für weibliche Geschlechtsteile: "Mösen in Bewegung zu sehen, das machte mir den Kopf klar." Deshalb geht der gewissenhafte Staatsdiener nach Büroschluss regelmäßig in Peepshows, wo er für 50 Francs die Leere seines Daseins einige Augenblicke zu vergessen sucht, bevor er daheim Kartoffelpüree mit Käse isst und bis zwei Uhr nachts "durch 128 Fernsehkanäle" zappt.

 

Kunst kann das Leben nicht verändern, wohl aber Sex. Michel Houellebecq, 43, der gleichmütige Provokateur der französischen Literaturszene, hat sein Thema wiedergefunden: die Entmenschlichung der modernen Gesellschaft, die verlorene Liebesfähigkeit des Westens und der zum Scheitern verurteilte Überlebenskampf in einer sich auflösenden Welt.

 

"Plateforme", Houellebecqs soeben erschienener dritter Roman nach "Ausweitung der Kampfzone" und "Elementarteilchen", ist die Sensation unter den 575 neuen literarischen Titeln des diesjährigen Buchherbstes in Frankreich: Es gilt als sicher, dass Hunderttausende von Exemplaren davon verkauft werden*.

Das Buch ist der heißeste Kandidat für den renommierten Prix Goncourt, die deutschen Rechte sind schon an den Kölner Dumont-Verlag vergeben. Und wie wachsendes Donnergrollen kündigt sich bereits - unvermeidlich bei Houellebecq - eine tobende Polemik um die vermeintlichen Exzesse, Vulgaritäten und reaktionären Entgleisungen des Autors an.

 

Houellebecq führt als zynischer Beobachter des Verfalls einen erbarmungslosen Krieg gegen die Idealisten der Political Correctness. Wie Balzac, Flaubert oder Zola entwirft er, ohne deren stilistische Höhen zu erreichen, ein schwarzes Sittengemälde, eine menschliche Tragödie, die sich wie ein groteskes Stück der "Comédie humaine" liest. Seine Figuren sind allesamt Verlierer, die einem angeblichen Naturrecht nachjagen und dabei ahnen, dass sie hinter einem Phantom her sind: dem Glück. "Ich war nicht glücklich", bekennt Michel, der Ich-Erzähler, "aber ich schätzte das Glück, und ich fuhr fort, danach zu streben."

 

Nach seines Vaters gewaltsamem Tod, der ihn kalt lässt, begibt Michel sich auf die Suche. Er will vögeln, ohne Anstrengung und Komplikationen, was ihm in Paris unmöglich erscheint. Also tritt er seine Pilgerfahrt auf der Suche nach Orgasmen an.

 

Die Realitäten in Thailand und auf Kuba haben Houellebecq zu diesem apokalyptischen Roman über den Sextourismus inspiriert. Denn im Sextourismus ist die Verdinglichung des Menschen in der absoluten Warenwelt mit ihren Marktgesetzen am reinsten symbolisiert. Die reichen Besucher werden von den Einheimischen als "Brieftaschen auf Beinen" betrachtet.

 

Michel erklärt dem Manager eines Reisekonzerns das Konzept: "Auf der einen Seite hast du mehrere hundert Millionen Westler, die alles haben, was sie wollen, nur dass sie keine sexuelle Befriedigung mehr finden." Sie suchen ohne Unterlass, aber sie finden nichts, und sie sind darüber unglücklich bis auf die Knochen. Auf der anderen Seite, so Michel, gibt es mehrere Milliarden Menschen, die nichts haben, die vor Hunger krepieren und jung sterben, die nichts mehr zu verkaufen haben als ihre Körper und ihre intakte Sexualität: "Das ist die ideale Tauschsituation."

 

Michel kommt während seiner Pauschalreise zu einem unerbittlichen Befund: Keine Französin kann es mit einem Thai-Mädchen aufnehmen. "Oôn mochte noch ganz jung sein, aber sie wusste sich ihrer Möse zu bedienen. Über mir auf dem Bett kam sie zunächst ganz sanft und presste ihre Vagina über der Eichel zusammen. Dann stieß sie tiefer vor ... Ich bekam einen Orgasmus, noch bevor sie den Schaft meines Schwanzes erreichte."

 

Weiße Frauen wissen dagegen nicht mehr, wie man sich "korrekt" mit einem Penis beschäftigt. Schlimmer noch: Sie wissen es vielleicht in der Theorie, aber sind unfähig, es zu tun, die elenden Schlampen.

 

Doch das Aufheulen der Moralisten, die in Houellebecqs Apologie der Prostitution nur eine schweinische Verletzung der weiblichen Würde erkennen, beruht auf einem groben Missverständnis: Wie alle Nihilisten verbirgt der Autor ein reines Herz. Seine Trauer entspringt verlorenen Illusionen, sein schwarzer Humor der Verzweiflung.

 

In Wahrheit nämlich hat Houellebecq mit "Plateforme" ein romantisches Buch geschrieben, seinen ersten Liebesroman. Denn wider alle Erwartungen findet Michel in Thailand das wirkliche Glück, nicht nur dessen Anschein gegen Bezahlung.

 

Es bricht in sein Leben ein in Gestalt einer 13 Jahre jüngeren Französin, Valérie, einer stillen, sinnlichen, erfolgreichen Angestellten der Tourismusindustrie. Sie weiß nicht, was Thai-Frauen Europäerinnen voraus haben sollen, und setzt alles daran, Michel zu beweisen, dass seine Theorien und Reflexionen unbegründet sind.

 

Valéries Werben, schon allein ihre Gegenwart und ihr Blick verstören den innerlich völlig vereinsamten Kulturbeamten so, dass er zunächst nicht einmal eine vernünftige Unterhaltung zu Stande bringt. Michel hat die Fähigkeit zu jedem echten menschlichen Kontakt verloren. Dieser permanente Mangelzustand ist die Ursache seiner Verzweiflung, wie er in einem plötzlichen Anflug von Selbstanalyse erkennt.

 

Valérie lässt Michel in einen Abgrund kalter Düsternis und unerträglicher Einsamkeit blicken. "Michel", fragt sie ihn, und er zuckt bei der Erwähnung seines Vornamens zusammen, "warum fühlen Sie sich so alt?" Eine gute Frage, die ihm leicht den Atem verschlägt. Erst daheim in Paris gelingt es Michel, die "Sünde der Verzweiflung" zu überwinden und eine wunderbare, nicht mehr für möglich gehaltene Liebesbeziehung zu Valérie zu knüpfen. Sie währt nahezu störungsfrei ein Jahr.

 

Valérie arbeitet hart, sie muss sich mit ihrem kaputten Vorgesetzten Jean-Yves um die Sanierung einer defizitären Kette von Ferienclubs kümmern. Bei einer gemeinsamen Inspektionsreise nach Kuba - die Insel bietet als besondere Dreingabe die politische Exotik eines sterbenden Systems - hat Michel die zündende Idee: "Schlag einen Club vor, in dem die Leute ficken können. Es ist vor allem das, was ihnen fehlt. Wenn sie während des Urlaubs nicht ihr kleines Abenteuer hatten, fahren sie enttäuscht nach Hause. Sie trauen sich vielleicht nicht, es zuzugeben; aber beim nächsten Mal wechseln sie den Veranstalter."

 

Der Erfolg der Clubs "Eldorador Aphrodite" übertrifft alle Erwartungen. Valérie und ihr Chef werden belobigt und mit Prämien ausgezeichnet. Ein deutsches Reiseunternehmen schafft massenhaft Gäste heran, die gern traurige Lieder singen und über SPIEGEL-Artikel diskutieren, wie Houellebecq schreibt. "Mehr als jedes andere Volk kennen die Deutschen Kummer und Schande, sie verspüren das Bedürfnis nach zartem Fleisch, nach einer sanften und unendlich erfrischenden Haut. Mehr als jedes andere Volk kennen sie den Wunsch nach ihrer eigenen Auslöschung" - und das macht ihre Gesellschaft für den Erzähler so angenehm und besänftigend.

 

Existiert Glück also doch? Lässt es sich finden, wenn auch nur mit Mühsal und unter besonderen Umständen, kann man es am Ende sogar organisieren? Jedenfalls ist es nicht von Dauer. Die Katastrophe naht, die Michels Lebenswelt in ihren perversen Normalzustand der Lieblosigkeit, der Isolation und der alles umspannenden Melancholie zurückverwandelt.

 

Eine Bombe explodiert im "Crazy Lips", zu einer Stunde, da die Bar voll besetzt ist. Der Anschlag zielt auf die frisch eingeweihte Ferienanlage in Südthailand. Als seine Urheber macht die Polizei rasch islamische Terroristen aus, die diesen Ort der Sittenverderbnis ausradieren wollen. Sie finden in westlichen Medien sogar Verständnis; denn alle Gutmeinenden sind sich einig in der Verurteilung des Sextourismus und der weiblichen Versklavung.

 

Zu den Todesopfern gehört auch Valérie. Michel überlebt, äußerlich unverletzt, aber innerlich zerstört. Eine Zeitlang klammert er sich am Hass fest. Der Islam hat sein Leben zerbrochen, und jedes Mal, wenn er erfährt, "dass ein palästinensischer Terrorist, ein palästinensisches Kind, eine schwangere palästinensische Frau im Gazastreifen abgeknallt wurde, verspürte ich ein Aufzucken der Begeisterung bei dem Gedanken, dass es einen Muslim weniger gab".

 

Über den Islam, seine Intoleranz und Sinnenfeindlichkeit lässt Houellebecq Dinge sagen, die fast die Vermutung wecken, er wolle ein zweiter Fall Rushdie werden: "Der Islam konnte nur im Stumpfsinn der Wüste entstehen, inmitten dreckiger Beduinen, die nichts anderes zu tun hatten, als ihre Kamele zu ficken ... Niemals, solange der Islam existieren wird, kann Eintracht auf der Welt herrschen."

 

Das könnte die Organisation "SOS Racisme" auf den Plan rufen und Houellebecq ernstlich Ärger einbringen. Doch im Grunde zeigt er nur, wie leicht jeder Kleinbürger zu rassistischen Ausfällen neigt, der Opfer eines Verbrechens durch Fremdes, schwer Erklärliches geworden ist.

 

Das ist das Rätsel Houellebecq: Nie kann der Leser genau wissen, ob er es ernst meint oder mit dem Schrecklichen scherzt. "Plateforme" ist ein zugleich erheiterndes und niederschmetterndes Buch, und Houellebecq der schonungslose Entlarver einer globalisierten Welt, in dem jedes Individuum zu einem entfremdeten Objekt wird, thailändische Prostituierte genauso wie ihre westlichen Kunden.

 

Dieses Lebensgefühl mit seiner unterschwelligen Angst teilt die eindrucksvolle Schar seiner Anhänger und Leser, an Bedrückten und Beladenen mangelt es ja wahrhaftig nirgendwo. "Früher wollten alle die Meinung Sartres hören, heute ist es Houellebecqs Meinung, die zählt", sagt sein Schriftsteller-Kollege Frédéric Beigbeder. Der Guru der Traurigkeit Houellebecq, dem der Weltschmerz ins Gesicht geschrieben steht, drückt kompromisslos die Widersprüche aus, die ihn zerreißen; und dabei weiß er genau, dass diese Widersprüche repräsentativ für den Seelenzustand der Gegenwart sind.

 

Die Suche nach dem Paradies endet im Nirwana. "Ich habe keinerlei Hoffnungsbotschaft zu verkünden", sagt Michel, der nach dem Verlust von Valérie auf das Leben, also auch auf die Begierde, verzichtet. Er kehrt nach Thailand an den Schauplatz des verlorenen Glücks zurück, legt sich nieder und wartet auf den Tod.

 

 

ROMAIN LEICK

 

 

 

15-9-2001

 

Quando as paixões se apagam

As aventuras sexuais de um turista europeu no Terceiro Mundo. Em França, "Plateforme" é o livro mais discutido desta época


Na vida, tudo pode acontecer, mesmo quando nada acontece. Michel - o nome da personagem é o mesmo do romancista - é a triste caricatura de um herói insignificante funcionário do Ministério da Cultura de Paris. Tem 40 e tal anos e as suas tarefas consistem em contabilizar os subsídios para exposições de arte moderna. É um homem no qual quase todas as paixões já se apagaram.

 

Com excepção de uma - o fascínio pelas partes sexuais femininas: "Quando observo uma vagina a mexer, a minha cabeça fica clara."

Por isso, sempre que acaba o trabalho, este fiel funcionário público vai para salões de peep show e gasta 50 francos para esquecer a sua existência triste e vazia, antes de regressar a casa e sentar-se até às duas horas da manhã "a fazer zapping pelos 128 canais da sua televisão".

 

A arte não pode transformar a vida, mas o sexo sim. Michel Houellebecq, de 43 anos, o sereno provocador da cena literária francesa, reencontrou o seu tema apropriado: a desumanização da sociedade moderna, a incapacidade de amar do Ocidente e a desesperada luta pela sobrevivência, condenada a fracassar, de um mundo em desagregação.

 

Plateforme, o terceiro romance de Houellebecq, é a sensação dos 575 novos livros de ficção francesa deste Outono. Parece ser já um dado adquirido que serão vendidos centenas de milhares de exemplares. Além disso, ele já é o melhor candidato ao Goncourt. E, como era de esperar, a violenta polémica já está acesa sobre os excessos que bem poderiam ter sido evitados, as banalidades e os deslizes reaccionários do autor.

 

Houellebecq é um observador cínico da decadência a que conduziu a guerra contra os idealistas do "politicamente correcto".

As personagens do romance são todas perdedoras: agarram-se a um suposto direito natural e descobrem, depois, que estão a correr atrás de uma quimera, a felicidade. Michel, o narrador do romance, confessa: "Eu não fui feliz mas sempre quis a felicidade e sempre a tentei encontrar."

 

Após a morte do pai, Michel decide começar as descobertas. Ele só pretende fornicar, sem complicações, mas acha que em Paris isso é impossível. Por isso, parte para uma peregrinação à procura de orgasmos.

 

As realidades da Tailândia e de Cuba inspiraram Houellebecq a escrever este romance apocalíptico sobre o turismo sexual. Nesse mercado de produtos comerciais, os nativos encaram os turistas ricos como meros porta-moedas ambulantes.

 

Michel chegou a esta conclusão após uma longa viagem à Tailândia: "Nenhuma francesa consegue imitar uma tailandesa quando se trata de animar a sua vulva."

 

As mulheres brancas, pelo contrário, não sabem gerir "correctamente" o pénis. Pior ainda: talvez saibam em teoria, mas são incapazes de o praticar.

 

Porém, o clamor dos moralistas, que acusam Houellebecq de fazer uma apologia da prostituição, baseia-se num mal-entendido: como todos os niilistas, o autor tem um coração puro. A decadência da sua narrativa é fruto de ilusões perdidas, o seu humor negro é sinónimo de desespero.

 

Na realidade, Houellebecq escreveu um livro romântico que é o seu primeiro romance de amor. É que, contra todas as expectativas, Michel encontra na Tailândia a verdadeira felicidade, sob a forma de Valérie, empresária de uma empresa da indústria turística.

Valérie ignora por completo o que é que as mulheres da Tailândia têm a mais que as europeias e aposta tudo para o descobrir: pretende demonstrar a Michel que as suas teorias não têm fundamento. "Michel", diz-lhe um dia Valérie, "porque é que você se sente tão velho?" Uma boa pergunta que o deixa atrapalhado. Mas só regressado a Paris é que Michel descobre que "o desespero é um pecado". Consegue, então, iniciar uma relação amorosa com Valérie, que dura um ano.

 

Valérie tem a tarefa, imposta pelo seu superior hierárquico, de sanear financeiramente uma série de clubes de férias da empresa. Numa viagem de trabalho a Cuba, Michel tem uma ideia brilhante: "Porque não formar um clube de férias só para as pessoas poderem fornicar à vontade?"

 

O êxito do clube Eldorado Afrodite supera os prognósticos mais optimistas. Valérie e o seu chefe são alvo de enormes elogios e recebem numerosos prémios. Uma agência alemã de turismo consegue vender férias a grandes massas: "Mais do que qualquer outro povo, os alemães sabem o que são tristezas e vergonha. Eles sentem a necessidade imperiosa de carne tenra, coberta por uma delicada pele fresca."

 

Então, a felicidade existe ou não? Será possível organizar a liberdade? Mas ela nunca terá longa duração. E, para Michel, a catástrofe aproxima-se.

 

Uma bomba explode no Crazy Lips, numa altura em que o bar estava cheio. O atentado visa precisamente atingir o novo clube de férias do Sul da Tailândia. A polícia localiza os autores do crime: terroristas islâmicos, que pretendem limpar este local dos corruptores da moral e dos costumes. Valérie morre no atentado e Michel fica interiormente destroçado. Durante uns tempos agarra-se desesperadamente à ideia do ódio.

 

O que Houellebecq diz ou manda dizer à personagem do seu romance, sobre o Islão, a sua intolerância e falta de sensibilidade artística, quase alimenta a suspeita de o autor pretender criar um segundo caso Salmon Rushdie.

 

Mas o enigma de Houellebecq reside precisamente aqui: o leitor nunca poderá saber ao certo se ele está a falar a sério ou a divertir-se com coisas terríveis. Plateforme é simultaneamente um livro excitante e aviltante e Houellebecq desmascara sem dó nem piedade o mundo globalizado, no qual cada indivíduo está perfeitamente alienado, como as prostitutas tailandesas e os seus clientes ocidentais.

 

Frédéric Beigbeder, colega seu, tenta explicar o fenómeno: "Dantes, toda a gente queria ouvir a opinião de Sartre, hoje todos querem escutar o que diz Houellebecq."

 

Sem Valérie, Michel renuncia à vida e às excitações - regressa à Tailândia, o palco da sua felicidade, e, deitado, espera pela morte.

 

Romain Leick *              

 

Jornalista do "Spiegel"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié le 4 septembre 2001, page 27

 Michel Houellebecq : «Je suis l'écrivain
de la souffrance ordinaire»

L'écrivain provocateur refuse de nourrir la polémique sur ses précédentes déclarations contre l'Islam. Il préfère évoquer les héros de son dernier ouvrage, «Plateforme» (Flammarion), une histoire d'amour, sur fond de tourisme sexuel... et son goût pour l'invective. Entretien.

Propos recueillis
par Dominique Guiou

 LE FIGARO. - Alors que votre roman déchaîne la polémique, n'est-il pas utile de rappeler que vous racontez une histoire d'amour ?
MICHEL HOUELLEBECQ. - Oui, je raconte la rencontre d'un homme et d'une femme qui se désirent, qui s'aiment, qui vivent ensemble et qui envisagent même d'avoir des enfants. Cet amour tombe littéralement sur mon personnage masculin, homme de type «houellebecquien», qui ressemble au héros d'Extension du domaine de la lutte. Un homme qui a peur de s'attacher, qui refuse la passion, qui est résigné à une vie sans grand bonheur et sans grand malheur. Et voilà qu'il croise Valérie, une jeune femme nature, très physique, qui, elle, n'a pas peur d'aimer. Valérie fait un peu peur à mon héros, qui mettra plus de 100 pages et quinze jours pour répondre aux avances de la jeune femme.

Vos personnages féminins peuvent être classés en deux grandes catégories: les femmes qui sont capables d'aimer et celles qui ne sont capables que de séduire.
Ou, si vous préférez, les femmes qui ne séparent pas le désir du plaisir et celles qui ne sont plus capables d'accéder au plaisir, à cause de leur narcissisme, de leur froideur. Nous vivons dans un monde où le désir est constamment suralimenté par les fantasmes (les photos publicitaires, les magazines féminins...) On a de plus en plus de mal à associer désir et plaisir. Le plaisir n'est plus le prolongement naturel du désir.

D'où cette incapacité d'aimer que vous montrez du doigt à travers la description de personnages secondaires dont la vie privée est désastreuse...
Le personnage de la femme mariée qui fréquente les boîtes sado-maso est très emblématique. Elle suit une mode. Son désir est dicté par l'époque. Elle n'est qu'un zombie qui réussit efficacement à rendre malheureux son mari. Cette tradition de la sexualité qui s'épanouit dans la transgression a pris son essor avec Georges Bataille. Ensuite, sous couvert de libération sexuelle générale, on a levé les tabous sur le sado-masochisme. Le sexe sans le contact des épidermes, le sexe dans la cruauté et la transgression, ce n'est pas pour moi.

Votre roman est entrecoupé de scènes très crues. Cette répétition de scènes sexuelles est-elle vraiment utile à la progression du récit ?
Plus une relation devient amoureuse, plus elle devient sexuelle. Je sais que ces scènes peuvent choquer, tout simplement parce que la part de honte, malgré la libération sexuelle, n'est pas levée sur le corps. Ce que je décris ne me paraît pas choquant. Il me semble que c'est ce que peuvent faire un homme et une femme qui s'aiment. Je ne trouve pas cela choquant car j'estime que mes désirs sexuels ne sont pas choquants. Je revendique l'absence de fantasmes. Je refuse le fantasme, je n'en ai pas besoin. Je le refuse d'autant plus qu'il est désormais programmé par le marché, à travers l'érotisation extrême de la publicité, par exemple.

Est-il difficile d'écrire des scènes d'amour physique ?
J'aime écrire les scènes sexuelles, mais ce sont elles qui me donnent le plus de travail. Il est beaucoup plus facile de décrire avec fluidité l'historique d'un groupe international de tourisme que de dire avec justesse ce qui se passe dans le corps et le cœur des personnages pendant l'amour. Il faut organiser ce qui au départ est une forme confuse de sensations, d'émotions, de sentiments. J'essaie de rester sur la ligne ni ange ni bête.

Au-delà du sexe, le corps est très présent dans vos romans...
Je crois que c'est l'une des raisons qui font que François Nourissier apprécie mon travail. Lui-même dans son œuvre a reconnu cette présence du corps: ses mesquineries, ses défaillances. Il a été confronté lui aussi à la difficulté de parler du corps. Auguste Comte, l'un de mes maîtres à penser, a écrit des pages très subtiles sur l'infirmité du langage à rendre compte du corps. Il a montré à quel point il est difficile pour un malade d'exprimer ses symptômes, de décrire ses souffrances à un médecin. La difficulté est la même lorsqu'on essaie d'exprimer le plaisir amoureux.

Vous avez dit: «C'est le travail du romancier de dégager le négatif.» En effet, vous apportez peu de bonnes nouvelles...
Je me suis intéressé pour le moment à la France. Mais je compte bien étendre mon travail à d'autres pays. Pour la Thaïlande, pays dans lequel j'ai séjourné plusieurs fois (j'y suis allé pour la première fois en 1992), j'ai été bloqué par la langue et je regrette que cette barrière m'ait empêché d'aller plus avant. Je déteste les États-Unis, et il me serait utile d'aller passer six mois ou un an là-bas pour étudier de près le mode de vie des Américains moyens. Je m'attacherai à l'Amérique profonde. Pour Manhattan et la jet-set, il y a Brett Easton Ellis qui fait ça très bien.

Avez-vous besoin de vous déplacer pour écrire ?
J'ai le goût des voyages. Pour écrire sur le monde, il faut se déplacer. On ne peut pas se contenter de la télévision et d'Internet.

Pour le moment, vous vivez en Irlande. Ce pays peut-il vous inspirer ?
J'espère bien que non. Car mon travail a un côté très destructeur. Quand je m'intéresse à un pays, je cours toujours le risque que mon intérêt s'épuise une fois le livre fini. J'aime vivre en Irlande et je souhaite pouvoir continuer à y vivre tranquillement.

Vous cultivez l'ambiguïté. Vos héros ont des points communs avec vous. Ils se prénomment Michel, comme vous...
Oui, il est très important pour moi de créer avec mon héros, qui est aussi le narrateur, un lien très fort dès le départ. Voilà pourquoi le personnage principal de mes romans se prénomme toujours Michel. Il me faut cette proximité pour démarrer. Ensuite, dès les premières pages, je peux établir une distance: dans Plateforme, Michel n'est pas marié, il est tout seul, il travaille au ministère de la Culture. Moi, j'ai une épouse, j'ai un petit chien et je n'ai jamais été fonctionnaire d'un ministère... Il me faut ce mélange d'affinités et de répulsion, de proximité et de distance. Cela me permet de dire «je» et de faire exprimer par mon héros plus facilement des pensées qui peuvent être les miennes, de lui faire vivre des émotions ou des événements que j'aimerais vivre, ou au contraire de lui faire exprimer ce que je ne voudrais surtout pas être ou penser, d'en faire un double négatif. Cette identification/répulsion avec le narrateur crée un rapport complexe, c'est moins facile lorsqu'on écrit à la troisième personne.

Votre héros a un goût manifeste pour l'injure. En quelques pages il traite son père qui vient d'être assassiné de «vieux salaud», de «vieux con», de «crétin»; il qualifie d'«abrutie» une collègue de bureau; les hôtesses de l'air sont des «salopes»; l'écrivain américain Frederic Forsyth est un «imbécile»; et vous traitez les rédacteurs du Guide du Routard de «connards humanitaires protestants». Vous n'épargnez même pas votre héros, qui se qualifie lui-même de «connard»! Pourquoi tant de hargne ?
Je le reconnais, l'invective est un de mes plaisirs. Cela ne m'apporte dans ma vie que des problèmes mais c'est ainsi: j'attaque, j'injurie. J'ai un don pour ça, pour l'injure, pour la provocation. Donc je suis tenté de l'utiliser. Dans mes romans, ça met un certain piquant; c'est plutôt drôle, non? Il y a un burlesque propre à l'injure que j'aime bien dans la littérature, et qui est rare aujourd'hui. J'aime beaucoup relire les imprécations et les méchancetés de Léon Bloy. Cet esprit-là me plaît.

Parfois cela vous conduit à certains dérapages...
Oui, c'est vrai. Quand on me demande ce que je pense, après une conversation en confiance de plusieurs heures, des mots peuvent se former. Alors je me laisse aller. Je me laisse d'autant plus aller que ce que je pense à titre individuel ne paraît sans importance. Cela vient de cette tradition française de demander son avis sur tout à un écrivain. Certaines phrases que j'ai peut-être prononcées m'ont valu bien des ennuis. Je me dis que je ne recommencerai plus. Mais trop de temps se passe entre la sortie de deux livres: j'oublie et je recommence! La provocation ne dure que le temps de la sortie d'un livre. C'est quand même très secondaire. C'est pourquoi j'attache une plus grande importance à mon don lyrique. Une belle phrase, ça reste! Je vous en cite une qui va rester: «Pour moi, Valérie n'aura été qu'une exception radieuse. (...) Ce phénomène est un mystère. En lui résident le bonheur, la simplicité et la joie; mais je ne sais toujours pas comment, ni pourquoi, il peut se produire. Et si je n'ai pas compris l'amour, à quoi me sert d'avoir compris le reste?» Ou même une phrase aussi simple que: «Valérie me manque.» C'est une performance qu'elle soit aussi bouleversante! (rires).

Le style, justement. Certains critiques s'offusquent de l'absence de «belles phrases» dans vos romans. On vous reproche parfois d'être plat, ou lourd (notamment parce que vous recourez souvent à l'adverbe).
L'adverbe est un modulateur. Il n'y a aucune raison de crier haro sur l'adverbe. Je ne vois vraiment pas comment j'aurais pu faire passer plus précisément l'état d'esprit de mon héros lorsque j'ai écrit: «Je déprime gentiment» dans Extension du domaine de la lutte. Trop d'écrivains sont victimes d'une idée malheureusement très répandue selon laquelle il y a vrai style quand l'auteur triture la langue d'une façon qui n'appartient qu'à lui. Nietzsche, qui n'est pas un de mes maîtres à penser mais dont j'admire les considérations sur l'art, disait: «Je n'ai pas un style, j'en ai plusieurs.» Le style doit refléter un certain état mental. Il me semble normal d'avoir plusieurs styles. Nietzsche peut être euphorique puis écrire des aphorismes à la manière des moralistes. Il y a enfin une chose qui peut faire croire que je manque de style: j'aime bien reproduire de manière facétieuse divers types de discours: marketing, sociologie, etc.

Vous vantez les avantages du tourisme sexuel, et dans le même temps vous proclamez que la seule vraie valeur, c'est l'amour. Êtes-vous un nouveau romantique ?
Le nouveau romantisme a un bel avenir à long terme. Dans le romantisme il y a cette belle idée que le bonheur absolu est possible immédiatement. De ce point de vue-là, je suis un romantique. Mais un roman romantique aujourd'hui est impossible à envisager. Françoise Hardy ne pourrait pas, aujourd'hui, imposer ses chansons de jeunesse. La fracture a eu lieu au moment où l'expression d'un chagrin d'amour, dans une chanson, est devenue ridicule. On est devenus de plus en plus froids, de plus en plus distanciés. La réhabilitation de Lamartine n'est pas pour demain!

Vous savez exprimer la souffrance. Beaucoup de lecteurs vous témoignent leur gratitude pour avoir su dire leur mal-être...
J'ai commencé à exprimer la souffrance et les refoulements dès Extension du domaine de la lutte. Ce roman est apparu à beaucoup comme une espèce de douche froide par rapport aux années Tapie, argent roi, etc. Je montrais des gens qui étaient les victimes d'un certain système et qui ne pouvaient pas parler de leur souffrance. L'expression de la souffrance personnelle, dans ces années où les gagneurs étaient idolâtrés, était obscène. J'ai brisé le tabou.

Vous êtes un des rares écrivains à avoir des fans, des groupies. Un site Internet (1) a été créé à l'initiative d'une de vos admiratrices. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Je crois que c'est tout simplement parce que j'arrive à dire la souffrance de la classe moyenne.
Je suis l'écrivain de la souffrance ordinaire.

 

                                       

O Ressentimento de Um Ocidental
Por FERNANDO CAETANO
PÚBLICO;  Sábado, 27 de Outubro de 2001

Quanto mais a vida é infame, mais o homem se agarra a ela, disse Balzac. Mas, quando um europeu vai para a Tailândia fazer turismo sexual, a que é que se está ele a agarrar? Ao baixo preço das contrafacções Gucci, a uma mulher barata ou ao único futuro visível para a Humanidade? Respostas em "Plateforme", o livro-escândalo da rentrée francesa.

Há um enorme laçarote de seriedade e respeito a enfeitar a figura do escritor francês Michel Houellebecq. O caso não é para menos. Os seus livros são tidos como um dos mais distintos depoimentos sobre a falência moral da Europa burguesa, o estado miserável das nossas vidas socio-sexuais, a incomunicabilidade em que têm de viver as pessoas sensíveis e frágeis como nós, a morte da alma, o consumismo desenfreado, e patati patatá. Incrustrado na má consciência e na culpabilidade que fazem parte do estado psicológico da sociedade ocidental, desenvolveu-se um palpável masoquismo cultural. Para a maior parte dos artistas, é inaceitável que na lógica do capitalismo não possa haver estados de alma mais melancólicos, logo a sociedade em que vivemos é a mais estúpida e desumana alguma vez criada. Ou seja, os artistas têm mentalidade religiosa, o seu tema preferido é a "crise de valores" e nós somos todos anjos caídos.

Uma das razões para o tremendo sucesso dos romances de Houellebecq é que se lhes atribui esse valor de depoimento romântico anti-capitalista. É verdade que qualquer livro o pode ter se for convincente e bem argumentado, mas convém lembrar que o primeiro grande sucesso de Houellebecq, "As Partículas Elementares" (Temas e Debates), aproveitava o raciocínio científico sobre certos dados da biofísica para nos convencer de que algumas ideias adventícias sobre a sociedade humana - altamente discutíveis - tinham a mesma base científica. O truque era básico mas passou despercebido, o livro foi levado extremamente a sério e considerado, no seu aparente ultra-realismo, como um sucessor de Balzac. E de Nietzsche, já agora, nas suas exigência e arrogância morais.

Houellebecq não corou perante os elogios, e resolveu até pedir emprestado para o "incipit" do seu recente "Plateforme" uma formulação moral de Balzac: "Quanto mais a vida é infame, mais o homem se agarra a ela, transformando-a então num protesto, em vingança contra tudo o que lhe acontece." É bonito, pode dizer-se, embora como divisa tanto se possa aplicar à estruturação mental psicótica do poderoso Bin Laden como ao homem comum, ele sim vítima de todos os pobres acontecimentos da sua vida infame. No caso presente, ou seja, em relação ao que Houellebecq quis pôr no seu romance, não parece que seja a vida das personagens que sirva para grandes demonstrações; é mais o próprio livro, a literatura, que serve a Houelllebecq como forma de protesto e para se vingar da vida que lhe calhou em sorte.

Pode parecer uma afirmação temerária, e pode também parecer abusivo como crítica, mas a verdade é que em questão de abuso e temeridade ninguém se pode comparar a Houellebecq. De facto, é o tom moralista das acusações do escritor que justifica e quase exige este tipo de crítica. Houellebecq tem tanto de caso clínico como de fenómeno literário. Os seus livros são lidos não por serem brilhantes literariamente (claro que também não são maus), mas por serem insolentes, politicamente incorrectos, por acusarem os pais de tudo e a sociedade de tudo e mais alguma coisa. Parecem escritos por uma criança zangada e talentosa, dotada simultaneamente com a riqueza de análise que permite a observação dos indivíduos isolados e com a capacidade de síntese que permite trabalhar dados científicos e sociológicos e extrair conclusões.

Em "As Partículas Elementares", a culpa da infelicidade sexual, trágica, das duas personagens centrais da história, era inteirinha do movimento de libertação sexual dos anos 60 e dos pais liberais e egoístas que ela produziu. Em "Plateforme", a análise nem vai tão longe. A culpa é das roupas de marca, porque sem necessidade de comprar roupa de marca pode perfeitamente viver-se mais feliz na Tailândia e em Cuba, onde o sexo é barato e de muito melhor qualidade. O livro, francamente, resume-se a isto. Na sua essência, ele afirma que as nossas sociedade criam gente infeliz porque sim e porque as mulheres são ambiciosas. Porque têm profissões liberais, vão a bares de sado-masoquistas e de intercâmbio inter-casais e porque já não têm uma sexualidade "intacta" para oferecer aos homens.

Uma alternativa frutuosa é ler Houellebecq como se ele fosse um autor cómico. Os seus desenhos das pessoas são saborosos e têm a crueldade, ela sim "intacta", da observação infantil. As situações tendem para o caricato e para salientar o pior lado dos humanos. As suas observações sobre diferentes raças e credos religiosos são divertidas, mas pertencem ao nível afrontoso da anedota de taberna - segundo uma das personagens, e passa-se a citar os conceitos, pelo deserto só se interessaram até hoje crápulas e pederastas, os homens árabes só sabem sodomizar camelos e enrolar panos de cozinha na cabeça, as mulheres árabes ficam gordas como umas vacas, os chineses são uns porcos e, de qualquer forma, antigamente é que era bom porque o colonialismo branco, no fundo, no fundo, até tratava os pobres pretos e amarelos com um paternalismo carinhoso. Citámos.

Houellebecq é um sucesso por ser, ele próprio, uma face descarada - e talentosa - do pior da nossa civilização. Ele mostra aflição e falta de jeito em relação às premências da vida sexual, mas nunca prescinde de descrever de forma minuciosa (e enfadonha) os repetidos, repetidíssimos actos sexuais. É abjeccionista na descrição das relações humanas, mas denota uma total incapacidade para pensar com lucidez auto-reflexiva sobre a realidade interna de emoções e afectos dos seus heróis masculinos. Intercala dados sociológicos, resultados de sondagens e outras derivações de um espírito mais ou menos científico para justificar um simplismo racista e reaccionário exercido contra o que tem de ser considerado como avanços e benefícios do mundo ocidental - direitos do homem, níveis de vida e de cultura, liberdades individuais e a gloriosa possibilidade de se viverem ambivalências morais sem contaminação religiosa.

Ou seja, Houellebecq acha que quanto pior melhor, antes nada do que alguma coisa, antes o colonialismo do que as organizações humanitárias. Quanto ao terceiro-mundo, apesar do obscurantismo e da porcaria, se continuar a ter mulheres boas e baratas, óptimas praias e requintados locais turísticos, bem pode vir a ser o futuro dos trânsfugas ocidentais assustados com as consequências morais do preço das malas Gucci e das roupas do Christian Lacroix. O Islão, por outro lado, diz ele em duas penadas, com uma visão rara, vasta como a de um cego de nascença, "está condenado; basta pensarmos nisso para que o facto surja como uma evidência". Ou seja, Houellebecq representa esplendorosamente uma das perversões infantis do racionalismo. "Penso, logo o que eu penso tem de existir". O racionalismo transformado em aborto místico - entre o Islão e Houellebecq, afinal a distância filosófica não é assim tão grande.

Quer isto dizer que o livro é péssimo? Não, pelo contrário. Pode ser às vezes irritante e mesmo ideologicamente abjecto, mas é uma proeza na mistura dos seus suculentos ingredientes: o sexo, a política com derivações sociológicas e filosóficas, a má-língua e a provocação. E os capítulos finais são notáveis. Tal como em "As Partículas Elementares", Houllebecq usa o melhor do seu talento literário para fechar o livro. A sua misantropia guerreira despe a cota de armas e apresenta-se então sem rodeios nem desculpas, revelando personagens cujo verdadeiro drama é serem tão infelizes na solidão e estarem tão desiludidos com o insucesso do amor.

É pungente como, apesar das intenções agressivas e grosseiras de Houllebecq, apesar da sua má-educação que parece tão radical como infantil, ele leva tão a sério o amor ou, pelo menos, vê tão radiosamente a sua possibilidade. Isso coloca-o, ironicamente, ao lado dos escritores utopistas e dá uma dimensão calorosa- a única visível - aos seus livros que, de outra forma, são apenas tão contemporâneos, tão desabusados, tão masoquistas, tão trash chique.

Der große Jammer

Ein Meister und sein Epigone: Joris-Karl Huysmans und Michel Houellebecq. Aus Anlass des Romans "Plattform"

von Jens Jessen

Manche Schriftsteller ernähren sich vom Unglück, andere von der Hoffnung; Michel Houellebecq ernährt sich von der Kränkung. Provokation wäre ein viel zu technisches, von den Avantgarden des letzten Jahrhunderts verharmlostes Wort für das, was dieses Genie der Bosheit tut. Es sind Ritualmorde am gesellschaftlichen Konsens. Nachdem er den Mythos der 68er, die sexuelle und die soziale Emanzipation denunziert hat (Elementarteilchen) und den Mord als Ausweg aus der Entfremdung im Spätkapitalismus empfohlen (Ausweitung der Kampfzone), mithin das ganze linke Projekt der Moderne erfolgreich abgewickelt hat, ist er nun zum Sextourismus und zu den Muslimen fortgeschritten. Plattform, eben auf Deutsch erschienen, hat in Frankreich zu wütenden Protesten von Touristikern und muslimischen Gemeinden geführt, die einen Prozess wegen Verunglimpfung anstrengten.

Nicht etwa, dass Houellebecq den Sextourismus für verwerflich hielte. "Diese kleinen Thai-Nutten sind ein wahrer Segen, sagte ich mir; wirklich ein Geschenk des Himmels." Es ist vielmehr gerade sein überschwängliches Lob der Fremdenverkehrsindustrie für ihre geschickte Organisation der Zuhälterei, die den Reiseveranstaltern zu schaffen macht (sie werden namentlich genannt).

Auch der Islam verfällt vor allem wegen seiner gewalttätigen Prüderie dem Hass des Erzählers. Das Massaker, das die bösen Fundamentalisten in dem Buch veranstalten, gilt nämlich den netten Sextouristen; dabei töten sie die Freundin des Helden. "Der Islam hatte mein Leben zerstört, und der Islam war sicherlich etwas, was ich hassen konnte; in den folgenden Tagen bemühte ich mich, die Muslime zu hassen. Es gelang mir ganz gut, und ich begann wieder die Nachrichten aus aller Welt zu verfolgen. Jedesmal wenn ich erfuhr, daß ein palästinensischer Terrorist, ein palästinensisches Kind oder eine schwangere Palästinenserin im Gazastreifen erschossen worden war, durchzuckte mich ein Schauder der Begeisterung bei dem Gedanken, daß es einen Muslim weniger gab. Ja, man konnte auf diese Weise leben."

Der Hass als Überlebensmittel

Houellebecq ist ein Trüffelschwein für Verletzungspotenziale. Der zitierte Passus, auch wenn er literarisch als Rollenprosa eines erschütterten Helden plausibel und banal sein mag, ist doch geeignet, nicht nur die islamische Welt, sondern mehr noch das humane Selbstverständnis des Westens im Kern zu treffen. Die Empfehlung von Hass als Überlebensmittel reißt mit einem Schlag nieder, was die Friedensforschung in Jahrzehnten aufgebaut hat. Die aufsteigende Folge vom Terroristen über das Kind zur Schwangeren muss selbst jene empören, die den Terror ablehnen. Schließlich: die Hochrechnung von einem islamistischen Attentat auf den Islam als solchen. Sie zerstört die multikulturelle Übereinkunft, wonach Verbrechen individuell sind und keiner kollektiven Identität zugerechnet werden dürfen.

Der Überkick aber besteht in dem Kontext. Die Motivation des Attentats bringt alle jene ins Schwitzen, die ihrerseits gegen den Sextourismus kämpfen. Müssen sie nun mit dem islamischen Radikalismus sympathisieren? Oder bekommen sie in den Terroristen die Fratze ihres eigenen moralischen Fanatismus vorgeführt? Die Strategie Houellebecqs zielt stets auf die Widersprüche des zeitgenössischen Weltbildes, sozusagen unter die Gürtellinie des reflektierten Bewusstseins.

Manches spricht dafür, dass auch die französischen Muslime weniger gekränkt wurden durch seine Islam-Beschimpfung und die Blasphemien, die er noch hinzusetzt, als durch kleine Bosheiten, die für sich nicht justiziabel sind, aber in hohem Maße ehrverletzend. So grübelt der Held beispielsweise, ob er arabische Frauen anziehend findet, um dann schließlich - aber nur der Gerechtigkeit halber! - zuzugeben: "Vom Kopf her gelang es mir, eine gewisse Anziehung für die Scheide muslimischer Frauen zu empfinden."

Die Perfidie dieser und anderer Stellen liegt nicht im Literarischen. Ästhetisch ist der Roman eher ungelenk. Das Ausgeklügelte, auch wirklich Intelligente zielt vielmehr auf eine Wirkung außerhalb des Romans. Das wahre Kunstwerk, darin einer Performance verwandt, besteht in der öffentlichen Rezeption. Die Bücher sind nur das fast achtlos gehandhabte Medium, mit dessen Hilfe der Autor als Person auftritt. Darum haben die Leser ihr Augenmerk von der ersten Veröffentlichung an geradezu hysterisch auf den Menschen Houellebecq gerichtet, der alle Wundmale vorführen kann, die auch seine Romanfiguren von der Gesellschaft empfangen haben.

So könnte man das Spiel beschreiben. Es fragt sich allerdings, ob der Autor damit tatsächlich aus dem Roman herausgetreten ist; oder ob er nicht vielmehr umgekehrt seine Leser in den Raum der Literatur verschleppt hat. Schon die Stereotype, mit denen der Autor beschrieben und porträtiert wird, verraten nämlich ein literarisches Muster: die kettenrauchende Magerkeit, das Fahrige und Traurige, die bestürzende Ähnlichkeit Houllebecqs mit den Verlierergestalten seiner Romane.

"Mit seinen feinen und weiblichen Händen rollte er Zigaretten, die er, zwischen seinen dünnen Fingern in der Mitte kaum eingekniffen, lebhaft anzündete; er zog den Rauch tief ein und wiegte sich, seine mageren Schenkel eng übereinandergeschlagen, in seinem Sessel, der in der Luft hängende Schuh schlug vor Ungeduld ins Leere."

Der moderne Feind der Moderne

Das allerdings ist keine Beschreibung Houellebecqs. Es ist Paul Valérys Beschreibung eines französischen Skandalschriftstellers hundert Jahre vor Houellebecq. Joris-Karl Huysmans war der meistzitierte und meistgefürchtete Dichter des Fin de Siècle. Wie Houellebecq artikulierte er einen Hass auf seine Gegenwart, die alles zuvor Bekannte in den Schatten stellte. Wie Houellebecq sah er den Menschen von Fortschritt zu Fortschritt jämmerlicher, ärmer und kleiner werden. Er sah das Kapital sich verzinsen, die Seele verhungern und den Warenverkehr zum Muster allen menschlichen Austauschs werden. Huysmans war, Baudelaire in seinen Ressentiments weit übertreffend, der erste moderne Feind der Moderne.

Am Ende wurde er katholisch. Davon ist Houellebecq noch entfernt; aber nicht weit. Schon spricht er vom Glauben, der logisch den einzigen Ausweg biete. Er sei sich "der Notwendigkeit einer religiösen Dimension schmerzlich bewusst", hat er in einem Gespräch einmal gesagt. Diese Tradition der Antimoderne, in Frankreich nie völlig erloschen, von Céline und Cioran an die Gegenwart weitergereicht, ist die literarische Tradition, in die sich Houellebecq mit seinen Lesern stellt.

Zu ihr gehören die Rituale der Jämmerlichkeit und des hochfahrenden Trotzes, der Rechtfertigung des Hasses aus dem demonstrierten Leiden. Auch Huysmans war, sozial gesehen, eine Verlierergestalt, wie Houellebecq sie vorführt. Der Mann, der den Naturalismus beerdigte, die literarische Décadence begründete und die Epochenfigur des amoralischen Ästheten erfand (À Rebours, 1884), lebte als kleiner, schlecht bezahlter Beamter des Innenministeriums in Paris. Auch er war voller Ressentiments, unermüdlich beschäftigt, seine Zeitgenossen zu kränken, "ein großer Schöpfer von Abscheu, empfänglich für das Schlimmste, dürstend nur nach dem Übermäßigen, unglaublich leichtgläubig, mit Leichtigkeit allen Scheußlichkeiten zugänglich, die man sich bei menschlichen Wesen vorstellen kann" (Valéry).

Wie Houellebecq schuf Huysmans ein Universum literarischer Doppelgänger, die ihrer Misere im sexuellen Exzess, in Gewalt und Okkultismus zu entkommen suchen oder einfach still zugrunde gehen wollen. "Während er langsam den Weg zu seinem Heim einschlug, übersah er mit einem einzigen Blick die ganze trostlose Ödnis seines Lebens, die ganze Nutzlosigkeit all seiner Bestrebungen. Man musste sich eben stromabwärts treiben lassen! Schopenhauer hat Recht: das Leben eines Menschen schwankt wie ein Perpendikel zwischen Schmerz und Langeweile. Da bleibt einem nichts anderes übrig, als die Arme zu verschränken und zu versuchen einzuschlafen."

Schopenhauer! Auch dies ein Gott für Huysmans wie für Houllebecq. Mit dem Zitat verabschiedet sich der kleine Ministerialbeamte Folantin aus Huysmans' Roman, der stromabwärts führt und Stromabwärts (À Vau-l'Eau, 1882) heißt. Es ist der gleiche kleine Bürokrat, den wir aus den Büchern Houellebecqs kennen und der uns in der Plattform wiederbegegnet. Dort lauten die Abschiedsworte: "Jetzt habe ich den Tod verstanden; ich glaube nicht, dass er mir sehr wehtun wird. Ich habe den Hass, die Verachtung, den Verfall und verschiedene andere Dinge kennengelernt; ich habe sogar kurze Momente der Liebe kennengelernt. Nichts von mir wird überleben, und ich verdiene auch nicht, dass mich etwas überlebt; ich bin mein ganzes Leben lang in jeder Hinsicht ein mittelmäßiger Mensch gewesen."

Die Figur, die sich hier stromabwärts treiben lässt, hat allerdings anders als Folantin einen bedeutenden Schicksalsschlag hinter sich. Das unterscheidet Houellebecq von Huysmans, dass er in seine Bücher doch noch plausible Motive einbaut und damit, trotz aller Meisterschaft im Kränken, auf die letzte Kränkung verzichtet: die verweigerte Antwort. Houellebecqs Helden sind eher überdeterminiert; und im Determinismus liegt vielleicht sein eigentlicher Pessimismus. Genialität und Bosheit Huysmans' bestand dagegen gerade darin, dass seine Helden ganz ohne Schicksalsschlag, nur so in sich zugrunde gehen; sie faulen einfach ab.

Das Einverständnis mit dem Untergang

Der Meister und sein Epigone treffen sich aber in einer entscheidenden Figur der Antimoderne, die am wildesten vielleicht Céline formuliert hat: Es ist die Figur des schadenfrohen Einverständnisses mit dem eigenen Untergang. Das trennt sie, bei aller Kapitalismuskritik, von der Linken, dass sie an eine Besserung durch Reform oder Revolution nicht glauben. Huysmans hat die Naturalisten für ihren Humanismus und ihre pädagogische Sozialkritik verachtet wie Houellebecq die 68erGeneration. Der Mensch, obwohl stigmatisiert von der Gesellschaft, scheint ihnen nicht besser als diese. Die Schuld lässt sich nicht an anonyme Strukturen delegieren; "Ich habe große Zweifel", sagt der Tourismusmanager in Plattform, "ob die Welt, die wir erschaffen, die richtige ist". Er erschafft sie dann aber doch.

Am Ende von Huysmans' düsterstem Roman, Là-bas (Tief unten, 1891), der durch alle Höllen schmutziger Erotik, von mittelalterlichem Sadismus zu modernem Satanismus, führt, bösartiger noch als Elementarteilchen, fragen sich die dauernd diskutierenden Helden, was denn von den künftigen Menschen zu erwarten sei: "Sie werden es machen wie ihre Väter, wie ihre Mütter ... Sie werden sich die Därme füllen und die Seele ausleeren durch den Unterleib!"

Es ist dieser eine große Jammer über die moderne Ortlosigkeit der Seele, ihren ungestillten und unstillbaren Hunger, der Houellebecq und Huysmans nicht zu vollendeten Zynikern macht (übrigens auch nicht zu Faschisten, wie die gekränkte Linke gern behauptet). "Ohne Liebe kann nichts geheiligt werden", heißt es an einer Stelle unvermittelt in Plattform. Man muss Houellebecq nicht mögen, man kann ihn sogar ablehnen wegen seiner hasserfüllten Affirmation des Hasses und wird sich doch beklommen fragen, was unsere Zeit prädestiniert für diese bittere Wiederkehr der Seelenklage des Fin de Siècle. Ob es nicht am Ende die Abschaffung des Menschen durch den Fortschritt ist, die Huysmans dunkel ahnte und die nun, hundert Jahre später, wirklich droht, wie es Houellebecq in den Elementarteilchen prophezeit.

Die Worte, die Paul Valéry seinem Freund Huysmans nachgerufen hat, können auch für Michel Houellebecq gelten: "Selbst wenn das Werk barbarisch scheint, geschmackvolle Leute abstößt, die Vernünftigen reizt und Verheißungen des Todes in sich trägt, die Gewissheit, dass man es wegen seiner Sonderlichkeit fallen lassen wird, so bleibt es ein eigenwilliges Werk, es war ein Ereignis in der Welt der Literatur."

Michel Houellebecq: Plattform Roman; aus dem Französischen von Uli Wittmann; DuMont Literaturverlag, Köln 2002; 370 S., 24,- €

 

Samstag, 09. März 2002     Berlin, 22:17 Uhr

Er betet an die Macht der Liebe

Noch immer macht Michel Houellebecq den Zyniker vom Dienst. Dabei ist er in seinem Roman "Plattform" eigentlich schon viel weiter

Von Tilman Krause

Michel, einer der typischen dauerfrustrierten Houellebecqschen Helden in gehobener Stellung, will den Westen beglücken. Zusammen mit seiner Freundin Valérie gibt er der Tourismusbranche neue Impulse, indem er in sogenannten Aphrodite-Urlauben Sex rund um die Uhr anbietet. Er hat aber die Rechnung ohne den Wirt gemacht: Islamische Fundamentalisten zerstören die irdischen Paradiese. Ergebnis: 117 Tote, darunter Valérie. Michel versinkt wieder in seinen Depressionen. Ein sogenanntes Reizthema, gewohnt sarkastisch dargeboten.

Houellebecq zum Dritten. Die Suada tönt nach alter Weise. Nur dass leider keine Rede von Brudersphären Wettgesang sein kann. Wer es zwei Jahre nach "Elementarteilchen", drei Jahre nach "Ausweitung der Kampfzone" vergessen haben sollte, wird nach wenigen Seiten wieder eingestimmt: "Ich entleerte gemächlich meine Hoden. Zur gleichen Zeit stopfte sich Cécilia in einer Konditorei in der Nähe des Ministeriums mit Schokoladenkuchen voll; unsere Motivation war in etwa die gleiche." Houellebecq zum Dritten also ganz der alte? Scheint so. Michel heißt erneut die Hauptfigur, und wieder ist es ein vulgärer alter Sack um die 40. Pekuniär gut gestellt, aber einsam und frustriert. Nur eine Waffe taugt angeblich, um seine Depression zu besiegen, und die heißt Sex. Was auch sonst. Soweit also alles wie gehabt.

Nicht gerade neu auch die vielen Invektiven, Ausfluss jenes emotionslosen "Durchblicks", den Houellebecqs Helden als Nachfahren von Camus' "Fremdem" sich schuldig zu sein glauben. Wer kriegt da nicht alles sein Fett weg: Grüne und Ökos, Chinesen und Taliban, Lesben und Gutmenschen, Araber und Russen, die S/M-Szene und Bestseller-Autoren wie Grisham und Baldacci, vor allem aber natürlich Frankreich ("ein völlig beknacktes, vom Amtsschimmel beherrschtes Land") und dann die ganze westliche Welt.

Das ist Houellebecq seinen Fans schon schuldig. Das erwartet man von ihm. Längst hat er die Gesetze des von ihm so vehement kritisierten Marktes begriffen und bedient sie virtuos. Also purzeln die zynischen Spruchweisheiten nur so aus den Seiten heraus: "Männer wollen vor allem vögeln. Die Verführung interessiert nur ein paar Typen, die kein wirklich aufregendes Berufsleben und auch sonst keine Interesse im Leben haben."

Im Gegensatz zu "Elementarteilchen" etwa hält sich Houellebecq in seinem neuesten Roman gar nicht weiter damit auf, die Deformationen seiner Helden lebensgeschichtlich herzuleiten. Sie sind verkorkst, basta. Houellebecq weiß ja, dass gerade der schonungslos geschilderte Materialismus, die vollständige Abwesenheit ideeller, gar spiritueller Werte seiner Figuren ein großstädtisches Lesepublikum dazu einladen, sich mit ihnen zu identifizieren. Und so kriegt das Publikum wieder, was es braucht: blasse Schemen, in die man sich wunderbar hineinprojizieren kann.

Die Leser kriegen sogar noch mehr Wohlfühlmasse. Hatte Houellebecq in den vorausgegangenen Romanen noch ab und an stilistische Brillanz gezeigt, eine Brillanz der Kälte wohlgemerkt, die an den Dandy-Duktus eines Drieu und Montherlant anzuknüpfen versuchte, Autoren also, welche die Analyse menschlicher Antriebe mit der skeptischen Schonungslosigkeit sprachlicher Puristen betrieben, so sinkt die Schnörkellosigkeit mittlerweile in die pure Banalität herab und fördert in "Plattform" Stammtischsätze zu Tage: "Flüsse sind ja was Schönes. Aber man weiß auch, was das zu bedeuten hat, das zieht die Mücken an."

Nun handelt dieser Roman bekanntlich vom Sextourismus. Houellebecqs Michel, der diesbezüglich eine Neuerung vorschlägt, von der noch zu reden sein wird, ist natürlich selber jemand, der die Dienstleistungen von Thailänderinnen und Kubanerinnen vor Ort gern in Anspruch nimmt. Er ist folglich schon ganz schön herumgekommen ("dem sanften Ruf der asiatischen Möse gefolgt", wie er es auszudrücken beliebt), was wiederum dem Autor etliche Vorwände liefert, eine exotische Kulisse zu malen. Prompt verfällt er dabei seitenlang in eine Reiseführerprosa ("Im 12. Jahrhundert, zum Zeitpunkt der Errichtung von Angkor Vat, erreichte das Khmerreich seinen Höhepunkt"), die auch dem flüchtigsten Leser nur das bisschen Aufmerksamkeit abfordert, das er auch für "Geo" oder die Prospekte der TUI aufzubringen bereit ist.

Keine Frage, hier versteht sich jemand ranzuschmeißen. Und damit dem Populismus vollends Genüge getan wird, gibt es auch noch einen netten, kleinen Tabubruch. Michel, der bei einem seiner Sex-urlaube Valérie kennen lernt, die in der Tourismusbranche arbeitet, nimmt diese Bekanntschaft, die übrigens auch sein Herz näher angeht, nicht nur zum Anlass, eine "hart recherchierte" Reportage über den internationalen Massentourismus an den Mann zu bringen. Er schlägt auch eine Ausweitung seiner Kampfzone vor und plädiert für ungenierte Sexreisen, nur notdürftig als "Aphrodite-Projekt" verschlüsselt.

"Auf der einen Seite hast du mehrere Hundert Millionen Menschen in der westlichen Welt, die alles haben, was sie sich nur wünschen, außer dass sie keine sexuelle Befriedigung mehr finden", belehrt Michel Jean-Yves, den Chef von Valérie. "Und auf der anderen Seite gibt es mehrere Milliarden Menschen, die nichts haben, kläglich verhungern, jung sterben, unter ungesunden Bedingungen leben und nichts anderes mehr zu verkaufen haben als ihren Körper und ihre intakte Sexualität. Das ist die ideale Tauschsituation. Das Geld, das man damit verdienen kann, ist kaum vorstellbar." Das leuchtet auch Jean-Yves ein, und schon machen sich die drei Pioniere ans Werk und bereichern ihre Branche um ein Erotiksegment.

Das floriert schon bald beträchtlich. Michel und Valérie wollen daraufhin Frankreich Ade sagen und ganz in eines der Ferienparadiese ziehen. Da kommt der Wendepunkt: Einem Anschlag von Islamisten fällt der ganze Betrieb zum Opfer, einschließlich Thaihostessen und Westtouristen. 117 Tote, darunter Valérie. Michel versinkt wieder in seine Depression, bleibt aber in Thailand, wo er nur noch eines erwartet: das Ende. Mit dem Satz "Man wird mich schnell vergessen" klingt der Roman aus.

Zwischendurch jedoch, und das ist es, was das Buch interessant macht, gibt es Passagen, in denen ein neuer Houellebecq sich ankündigt. Dass er im Grunde seines Herzens ein Melancholiker ist, ahnte man. Auch das Zynische liegt ihm eigentlich nicht. Der echte Zyniker ist ja oft gut gelaunt; er hat den Rubikon der Gebote und Selbstzweifel überschritten. In "Plattform" taucht einer von dieser Sorte auf, bekennt sich fröhlich zu Rassismus und Chauvinismus. Von seinen Tiraden distanziert sich Michel mit den Worten: "Mein Schicksal glich dem seinen, wir erlebten die gleiche Niederlage; dennoch empfand ich keinerlei Solidarität mit ihm. Ohne Liebe kann nichts geheiligt werden."

Entsprechend ist denn auch die Sprache, mit der er seine eigene erfüllte Liebe zu Valérie schildert. Sie ist heilig. Der Sex, den sie miteinander vollziehen, ist Dienst an einer "lebensfrohen Religion". Und das gilt auch für die übrigen Anrainer auf dem Aphrodite-Archipel, den der Autor schildert als modernes Cythera, jene Insel der Seligen, die in der französischen Mythologie schon immer eine gewisse Rolle gespielt hat, nicht nur bei Watteau, der seine Hofgesellschaft dorthin einschiffte.

Dass Houellebecq die Utopie braucht, hat er in "Elementarteilchen" gezeigt, auch wenn es dort die krude Utopie vom geklonten, begierdelosen Menschen war. Jetzt scheint er es, der seinen Kapiteln gern Motti von Auguste Comte voranstellt, eher mit dem "Wintermärchen" zu halten: "Wir wollen hier auf Erden schon/ Das Himmelreich errichten", sang Heine dort bekanntlich und fügte hinzu: "Es wächst heran ein neues Geschlecht,/ Ganz ohne Schminke und Sünden,/ Mit freien Gedanken und freier Lust -/ Dem werde ich alles verkünden."

Den Traum freier Liebe in einer freien Welt träumt auch Houellebebcq. Er scheint sogar gewisse Chancen für die Verwirklichkeit dieses Traums zu erblicken, nur liegen sie eben nicht in der westlichen Welt bereit, die hat er abgeschrieben, sondern an exotischen Gestaden, bevölkert von unverdorbenen Menschen, deren Gebenedeitsein sich ihm, dem Krypto-Christen, in ihrer Fähigkeit, "geben" zu können, offenbart, weshalb zu ihnen die Enttäuschten dieser Erde pilgern.

Hier schlägt der bemühte Nihilismus des alten Houellebecq in einen neuen Glauben um. Wie es damit weitergeht, lässt uns dem nächsten Roman dann doch wieder entgegenfiebern, auch wenn wir nicht umhin können, einzugestehen, dass uns dieses Zwischenstadium doch ziemlich lästig war.

 

The outsider

Women in his novels all end up dead or hurt. He propositions every female interviewer he meets. And his drinking and depression can leave him semi-comatose. But Louise Wardle still didn't realise how difficult it would be to make a film about Michel Houellebecq

Friday April 5, 2002
The Guardian

Michel Houellebecq is a bestseller and a troublemaker. He is attacked as a pornographer and adored as a prescient genius. A stunned liberal establishment has no idea how to take him. "Perhaps he should be dead," says his friend, the novelist Frédéric Beigbeder. "If I had had a childhood like him I would have killed myself. He is a zombie back from the dead and telling us what it is like."

How could I make a film about a novelist who does sex scenes where women are crippled by savage sex, in whose novels the female characters all end up dead or damaged, who propositions every female journalist sent to do a piece on him, whose heavy drinking and depression, by all accounts, reduce him to near-coma for weeks at a time?

Why would I want to make a film about a man in whose first novel (Whatever) the central character urges his friend to indulge in the pleasures of sexual murder, and whose second (Atomised) proposes that the freedoms of the 60s brought us nothing but misery and that the solution to our misery is to clone a new species that lives in permanent orgasm.

I suppose I started to recognise that the female characters in his books are the most emotionally whole; the only ones able to love are the women.

July 2001: "Don't book into the hotel. You must stay at my house," Houellebecq says down the phone. I book into the hotel.

When I arrive at his isolated house, on an island off the west coast of Ireland, at about 3pm, Houellebecq emerges dishevelled. He is small and thin and dressed entirely in orange. He has thin, sandy hair that sticks up. As he turns away I realise that it is an expensive implant; the tufts are formed in little straight lines across the back of his head, like a doll's.

"I've been asleep," he says. "Would you like something to drink?"

He has a strange sideways walking motion. He holds his cigarette between his third and fourth nicotine-stained fingers. I follow as he drifts into a darkened room. It's his bedroom; I back out. He smiles at me as he retrieves cigarettes and a whisky glass and moves next door to a room with a skin-coloured leather sofa.

We drink and talk - about religion, and science, and what he calls "the suicide of the west", and the film I want to make, until 3am. I'm not sure how I get back to the hotel.

We meet again the next afternoon and agree that the film will go ahead. I will return to Ireland in the summer to film him at home and then go to the Canary Islands to film him looking for locations for the movie of his next book, which is about sex tourism.

"Gran Canaria is where the English go for sex; we will find swingers. My friend told me of the club we must stay at."

I leave with a sense of failure. He has not passed out in a drunken coma, nor propositioned me. He has been fascinating and viciously funny. He has giggled and played with his dog. His wife has been beautiful and kind. He did show me a movie he had just made - commissioned by the French media company Canal Plus - on the subject of erotica. It seemed more like soft porn, and starred his wife. "I don't find it pornographic at all," he said. I think he was serious.

September 4: "We must cancel everything; no book signings, no public parties, no interviews," says Houellebecq's press officer. "For his safety he must stay in his hotel room. You should go home; there will be nothing to film."

I have just walked into the offices of Flammarion, Houellebecq's publishers, before a week's filming in Paris following the launch of his latest book, Platforme. His books always cause outrage. They are loved and hated in equal measure. But his talent for causing trouble has backfired badly on him this time. Platforme is a story of love between two people who set up a sex-tourism resort. The central character, as ever called Michel, loses his lover in an Islamic terrorist attack.

France's leading literary critic has put an unexpected boot in: "Houellebecq's new book may win the Prix Goncourt... but is a prize worth a fatwa?"

In July, Houellebecq gave an interview to the literary magazine Lire, and the journalist picked up on the central character's hatred for Islam. It seemed that the author agreed with his character, or was he just winding us up?

September 5: In the corridor of a TV studio, Houellebecq's press officer chain-smokes and pops the anxiety-relieving drug Xanax. Her author, incapable of compromise and incapable of protecting himself or us from how he sees the truth, may be about to go too far again. The Arab League has issued a press statement condemning Houellebecq. "Let's hope it stops here," she says with a tight smile.

Houellebecq emerges from make-up look ing uncomfortable. He is tiny and alone in the crowd of 30 press photographers, each yelling for his attention. As he signs autographs, another small man appears at his shoulder and urges quietly in his ear: "You absolutely must keep writing. Don't give up. It's important for all of us."

"I will try," murmurs Houellebecq as he hands a signed book back to a statuesque blonde woman.

The TV show goes fairly well, or badly, depending on who you are: Houellebecq doesn't say anything appalling; he drinks, but only water; he doesn't get angry or walk out. He seems almost timid. The various experts around the table are thrown by his lucidity, his calm defence of what his characters say and their right to express themselves. He is brighter than all of them and has seen the way we are more clearly than them. The crazier the hysteria around him, the more his ideas seem deadly correct.

In the green room I find myself standing beside Will Self, on tour with his own book. He didn't want to do an interview about Houellebecq: "He's just a little guy who can't get enough sex. That's it, isn't it?"

September 6: France's national Arabic newspaper leads with the headline "This man hates you" next to a large photo of Houellebecq looking characteristically wrecked.

I must film Houellebecq's reaction. We unload the camera equipment in the street. Maybe I can get him to read the article and say what he thinks in a cafe. As I try to persuade him, out of the corner of my eye I see the sound recordist being confronted by an Arab. "Are you working with that bastard Houellebecq?"

"No, no... who? Houellebecq?"

"Well he's standing right there!"

"Oh... is that Houellebecq? Oh no, he's nothing to do with us."

We do a quick interview in the crew car. "It's OK; they say everyone has to pray for my soul, so I'm saved," he says, deadpan. "I'm a bit worried about the photo, though; it's not very..." He trails away.

The police have advised caution; there will be no more appearances in public. Houellebecq will leave Paris as soon as possible for his own safety.

Fnac, a major French book chain, hosts its annual bestseller awards. Houellebecq is top of the list, but the Islam question has weakened his chances despite the fact that he has beaten every other book of the season by miles. And he's not allowed to leave his hotel room.

We must do an interview this evening before he leaves Paris. The press officer can't find Houellebecq. There's no answer when I call his room. Will I knock on his door?

He is dishevelled, nervously twisting bits of hair implant. He wraps his shirt tightly round him, retreats back on to his bed, and motions me to follow.

"Will you call the police for me in Ireland - my wife has disappeared." I spend the next hours on the phone to Ireland issuing a missing-person description. He cannot remember the registration of his car. We phone all the hotels in Dublin, all the hospitals. The crew waits in the bar. How can I do an interview in this situation?

"Will you buy me a bottle of whisky? Jack Daniels." I dash to the nearest off-licence, telling the crew what's happening and asking them to wait just in case he will do an interview.

We're sitting on his bed now. "Louise, you can film me if you like," he says. "But I don't want to spend the night alone."

I'm saved by the ringing of the phone. I make an excuse and go to get the crew. The phone rings again. It's his wife. "She's alive, she's alive," he shouts, and bursts into tears.

Houellebecq says he will never do another interview, and that - although he'll continue to write - he won't publish another book again. It's too much trouble.

· The Trouble With Michel is on BBC4 at 9pm tonight.

 

A solução Houellebecq

 Mais um livro do escritor-escândalo que dividiu a França. Tanto barulho para isto?

(Bertrand, 2002, trad. de Carlos Vieira da Silva, 278 págs., €14,95

 Ana Cristina Leonardo

O escândalo persegue este escritor francês (e vice-versa, porventura), pelo menos desde que lançou, em 1998, o romance As Partículas Elementares (traduzido pela Editorial Notícias). Nascido na ilha da Reunião, em 1958, foi criado em França pela avó paterna (comunista e venerada pelo neto), filho de uma médica, entretanto convertida ao Islão, e de um guia de montanha. Engenheiro agrónomo em 1980, casa-se nesse ano e tem um filho. O divórcio segue-se pouco depois, bem como sucessivas passagens por instituições psiquiátricas. Publica poesia, um ensaio sobre Lovecraft e, em 1994, o seu primeiro romance, Extension du Domaine de la Lutte (que será adaptado ao cinema). Com As Partículas Elementares, onde arrasa a geração de 60 e os seus valores, chegam o escândalo e o êxito. Alguns comparam-no a Céline, que ele afirma detestar. Vive actualmente na Irlanda.

Plataforma resume-se em poucas penadas. Michel é um funcionário público que trabalha no Ministério da Cultura. A sua vida consiste em fazer orçamentos de eventos que não aprecia por aí além, em «ir dar uma volta por um peep-show» quando sai do serviço e em adormecer diante do televisor. Vive sozinho. É ao cruzar-se com Valérie, jovem que trabalha para a agência Nouvelles Frontières, durante uma viagem de férias à Tailândia, que a sua vida começa a sacudir o cinzentismo que a cobre. Apaixonam-se. Michel deixa de frequentar os «peep-shows», e o casal passa a fazer amor sempre que pode, por vezes com a ajuda de um ou outro parceiro (nada de particularmente promíscuo). Entretanto, Valérie muda de agência e, em conjunto com o chefe, propõe uma rede de turismo sexual institucionalizada, que recebe o apoio de uma sociedade germânica. No dia da inauguração do primeiro clube, de novo na Tailândia, um grupo islâmico fundamentalista ataca o hotel. Há mortes, e a história acaba mal.

À conta do livro, Houellebecq tem vários processos na Justiça. «Grosso modo», as acusações dizem respeito a presumível promoção do ódio contra os árabes e defesa do proxenetismo. Uma entrevista sua à «Lire» deu o toque a rebate. Bem bebido, o escritor fez declarações chocantes (ou que, pelo visto, chocaram). Eis alguns exemplos: «A prostituição, acho muito bem. Como profissão, não é assim tão mal paga»; «O Islão é uma religião perigosa, e isto desde que apareceu. Felizmente, está condenada»; «Claro que há vítimas nos conflitos do Terceiro Mundo, mas são elas próprias que os provocam. Se os pobres idiotas se divertem a extirpar-se, deixá-los»; «Quando era novo, ele (De Gaulle) irritava-me. (...) acabo por simpatizar mais com Pétain»; «A abolição da pena de morte está bem... mas não faço disso uma questão de princípio», etc., etc. (também disse que «não há ideias de direita», para justificar porque é que só atacava as de esquerda).

Apesar de Houellebecq insistir na clássica distinção entre autor e personagem, a referida entrevista veio permitir, no mínimo, estabelecer uma certa proximidade entre o Michel-narrador e o Michel-escritor. A primeira questão que se coloca, contudo, é saber se o facto de o segundo preferir o colaboracionista Pétain ao resistente De Gaulle é relevante para a qualidade literária. Não, decididamente. A segunda é saber se o livro é bom, mau ou assim assim. Pois bem, é assim assim. Começa com garra, aguenta bem as personagens, tem cenas de sexo muito bem conseguidas, mantém um «estilo» coerente, neutro e seco. Então o que falha? O reaccionarismo? Não. O problema de Houellebecq parece ser o que poderíamos chamar «excesso de ideias» (independentemente do seu conteúdo). Se em As Partículas Elementares a fusão da biologia com a física quântica vinha permitir a clonagem do «homem novo» (através de um arrazoado pseudocientífico), em Plataforma, agora por intermédio do sexo (igual a amor, numa repescagem requentada de Reich), o que se propõe é salvar um Ocidente caduco. Megalómano, confundindo literatura com análise sociológica, o escritor perde o pé. Não resiste a apresentar soluções - pueris e supostamente universais. Em literatura, como na vida, os totalitarismos não dão bons resultados.

 EXPRESSO - 4-5-2002

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